(Agence Ecofin) - L’activité économique du Zimbabwe est confrontée à des défis macroéconomiques comme la volatilité de la monnaie locale, mais aussi aux effets persistants du changement climatique. Des facteurs qui, selon le FMI, affecteront la croissance économique du pays.
La croissance économique du Zimbabwe devrait décélérer à 3,25 % en 2024. C’est ce qu’a annoncé le Fonds monétaire international (FMI), à l’issue d’une mission de deux semaines à Harare.
Dans un communiqué publié le mercredi 14 février, le Fonds explique que cette nouvelle projection se justifie par « l’impact de la sécheresse sur la production agricole et la baisse des prix des matières premières ». Tout en ajoutant que l'instabilité de la monnaie locale pourrait compromettre les perspectives de croissance à long terme.
« L'instabilité de la monnaie locale (ZWL) s'est intensifiée : le taux de change officiel s'est déprécié d'environ 95 % depuis le début du mois de décembre 2023 ; l'écart avec le taux du marché parallèle reste important (plus de 30 %) ; et l'inflation de la ZWL reste très élevée », peut-on lire dans le communiqué.
Il faut noter que le Zimbabwe connaît une crise économique persistante depuis les années 2000. En effet, la réforme agraire désastreuse de Robert Mugabe, un recours abusif à la planche à billets, etc. ont entraîné une chute des exportations et provoqué une hyperinflation. Malgré la réintroduction du dollar zimbabwéen en 2019, après une décennie d’utilisation du dollar américain, l’économie du pays peine à se redresser.
Face à cette situation, les autorités zimbabwéennes ont adopté plusieurs politiques visant à réduire la volatilité de la monnaie locale, en adoptant par exemple une monnaie numérique adossée à l’or en mai 2023. Une mesure risquée selon l’institution de Bretton Woods qui appelle les autorités à maintenir une politique monétaire restrictive et à accélérer la libéralisation du marché des changes pour faire face aux défis économiques. Plus récemment, l’Etat zimbabwéen a annoncé la création d’une caisse d’émission en vue de stabiliser le taux de change du dollar zimbabwéen qui ne cesse de se déprécier par rapport au dollar américain.
Bien que le FMI encourage la poursuite des réformes structurelles par le gouvernement zimbabwéen en vue de favoriser une croissance durable et inclusive, il a indiqué qu'il ne serait pas en mesure d'apporter un soutien financier au pays, en raison de sa dette insoutenable et de ses arriérés extérieurs officiels. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la majeure partie de la dette bilatérale et multilatérale combinée du Zimbabwe, évaluée à 8,3 milliards de dollars, est constituée d'arriérés.
Notons que pour 2023, le FMI anticipe une croissance du PIB à hauteur de 5,3 %.
Charlène N’dimon
Yaoundé, Cameroun.