(Agence Ecofin) - L’Union européenne contribue pour environ 10 % de la déforestation mondiale via sa consommation. Si pour réduire son impact, la zone économique cible notamment le secteur agricole, la dernière législation adoptée dans ce cadre continue de soulever des craintes.
La Commission européenne (CE) devrait remettre à plus tard la mise en œuvre du règlement relatif à l’élimination de la déforestation (EUDR) prévue pour la fin 2024 ou début 2025. C’est ce qu’a indiqué le 27 juin dernier, Peter Liese (photo), porte-parole sur l’Environnement pour le groupe du Parti populaire européen (PPE).
The EU Commission must postpone the #deforestation regulation & use the transitional period to reduce #bureaucracy in the text. I am optimistic that with an urgent procedure this could be done quickly.
— Peter Liese MEP (@peterliese) June 27, 2024
My statement ? https://t.co/2dkuvJ69Fb@EPPGroup #EUGreenDeal
Ladite règlementation vise à interdire les importations de produits de base liés à la déforestation comme le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja, le caoutchouc. Si sur le principe, le groupe PPE, le plus grand du Parlement européen, s’accorde avec l’ambition de réduire l’empreinte environnementale liée à la consommation de l’UE, M. Liese souligne que le modus operandi de la CE reste problématique.
Alors que la nouvelle législation exigera des entreprises « une déclaration de vérification préalable et des informations vérifiables » qui certifient que leurs produits n’ont pas été cultivés sur des terres déboisées après 2020, le responsable souligne que l’échéance reste serrée et ne permet pas de mettre en place un cadre approprié pour gérer toutes les formalités administratives et la lourdeur bureaucratique qui y sont liées.
Par ailleurs, souligne-t-il, les petits producteurs agricoles à travers le monde ne peuvent pas s’adapter aux exigences de la loi et risquent d’être pénalisés par l’application sous sa forme actuelle.
« Nous pouvons parvenir à un report de la règlementation à court terme au lieu de nous engager dans une procédure urgente. Ce faisant toutes les parties auront le temps de souffler et discuter plus calmement des changements à apporter au texte afin de réduire les tracasseries administratives tout en luttant contre la déforestation », plaide le dirigeant.
Plus largement, cette position du groupe PPE rejoint celle adoptée en mars dernier par une vingtaine de pays sur les 27 membres de l’UE qui plaidaient pour un report de la date butoir de l’entrée en vigueur de la loi et une exemption pour les producteurs des pays affichant un faible risque de déforestation. Plus récemment, l’Administration américaine a envoyé le 30 mai dernier, une lettre demandant également à la Commission européenne de repousser l’échéance.
Il faut noter que les préoccupations sur l’impact de la loi aussi bien sur les utilisateurs européens que les pays producteurs, grandissent depuis quelques mois. Une étude publiée le 28 juin dernier par la société d’analyse de données et de conseil britannique GlobalData estime ainsi que les compagnies européennes pourraient faire répercuter sur les consommateurs, 1,5 milliard $ de coûts d’adaptation aux nouvelles normes.
Espoir Olodo
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