(Agence Ecofin) - D’après les données de l’OMC, le commerce bilatéral entre le Sénégal et le Rwanda est assez faible. Cependant, les deux pays ont ouvert des ambassades en 2011 à Dakar et en 2020 à Kigali, pour renforcer leurs relations. Une vision que semblent poursuivre les nouvelles autorités sénégalaises.
Deux jours durant, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a été l’hôte de son homologue rwandais, Paul Kagame, en visite à Dakar les 11 et 12 mai 2024. Au terme d’un séjour marqué par des échanges ainsi qu’un événement sportif, les deux chefs d’Etat ont souhaité réaffirmer les relations conviviales qui lient leurs deux nations.
Ils ont « discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales existantes entre le Rwanda et le Sénégal dans des secteurs clés tels que le tourisme, le commerce et la gouvernance », précise la présidence du Rwanda. Côté Sénégalais, il s’agit, dans la même veine de « renforcer les relations d’amitié fraternelle et de coopération » entre les deux pays.
Leur coopération économique remonte à plusieurs décennies, bien que les chiffres de leurs échanges commerciaux soient très faibles, selon les données de l’International Trade Center (ITC). Cependant ce n’est qu’en 2011 que le Rwanda a pris la décision d’ouvrir une ambassade à Dakar, alors que le Sénégal a ouvert son ambassade à Kigali en 2020. Depuis, le Rwanda cherche à attirer davantage d’investisseurs sénégalais dans son économie, comme en témoigne l’opération de charme menée en 2022 par le Centre International Financier de Kigali (KIFC) à l’ambassade rwandaise de Dakar, pour présenter aux investisseurs sénégalais les opportunités qu’offre le pays des mille collines.
La visite de Paul Kagame s’inscrit dans la logique d’une feuille de route diplomatique « panafricaine », que déroule le président Diomaye Faye. Depuis sa prise de fonction en avril dernier, l’ancien secrétaire général du PASTEF a déjà rendu visite à ses homologues de la Mauritanie, de la Gambie et de la Guinée-Bissau. Avant de recevoir son homologue rwandais, il s’était rendu à Abidjan. Au pays des éléphants, première économie de l’UEMOA, la mise en avant de relations profondes, cordiales et conviviales avec le peuple ivoirien ainsi qu’avec ses dirigeants, n’avait pas manqué de susciter l’ire de plusieurs internautes qui jugent le président ivoirien Alassane Ouattara trop proche de la France, qui a dû essuyer récemment plusieurs revers diplomatiques dans les pays du Sahel.
D’ailleurs, la visite du président Kagame, accusé d’alimenter l’insécurité dans l’est de la RDC, a, elle aussi fait l’objet de quelques critiques sur les réseaux sociaux de la part d’internautes qui estiment que la rupture annoncée par le PASTEF doit également passer par la prise de distance avec les autorités rwandaises.
Pour l’heure, les nouvelles autorités sénégalaises semblent avoir un agenda diplomatique bien défini et M. Faye, qui se veut un réformateur prend ses marques en rencontrant les dirigeants les plus influents de la scène diplomatique africaine.
Pour rappel, il a été élu sur la promesse de changer la situation socio-économique et politique de son pays. Dans son discours d’ouverture, il avait réaffirmé aux partenaires « l’engagement et l’ouverture du Sénégal à des échanges respectueux de notre souveraineté, conformément aux aspirations de notre peuple dans un partenariat mutuellement gagnant ».
« Au côté de mes pairs africains, je réaffirme l’engagement du Sénégal à renforcer les efforts déployés pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine », avait-il également précisé.
Notons que la visite de Paul Kagame à Dakar est la deuxième après celle de 2022, sous la présidence de Macky Sall.
Moutiou Adjibi Nourou
Yaoundé, Cameroun.