Hery Rajaonarimampianina : pour qui sonne le glas…

(Ecofin Hebdo) - Sur l’île de Madagascar, un homme voit rouge comme la terre de ses ancêtres. Le président sortant Hery Rajaonarimampianina ne participera pas au second tour des élections présidentielles du pays qu’il dirige depuis 2014.

Le 17 novembre, la commission électorale malgache a annoncé les résultats du premier tour des élections présidentielles. Finalement, les deux candidats qui s’affronteront au second tour sont Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Le premier, alors maire de Tananarive, avait été à l’origine du renversement du second, en 2009, alors que ce dernier dirigeait le pays depuis 6 ans. Finalement, même si l’un des deux candidats devra le séduire pour gagner les élections, le président sortant, Hery Rajaonarimampianina n’aura été qu’un intermède dans la lutte qui oppose les deux hommes, interdits de candidature en 2013.

 

A l’heure des comptes

« A Madagascar, lorsque je suis arrivé en 2014, le taux de pauvreté était de 92%. Aujourd’hui, il est de 70 %. On a commencé à reconstruire ce pays. On a pu, par exemple, augmenter la productivité au niveau rizicole de 30% en l’espace de quatre ans. On a commencé à travailler sur différents projets et je pense que c’est la logique de continuité de ce que l’on a déjà commencé qui justifie ma candidature ».

 hery rajaonarimampianina

« On a commencé à reconstruire ce pays. »

 

Ce sont les mots qu’Hery Rajaonarimampianina avait utilisés, dans une interview à RFI, pour justifier sa candidature aux élections du 7 novembre dernier. Mais malgré toutes les tentatives du président sortant de paraître rassurant, il semblait déjà appréhender l’échec cuisant que constitue pour lui le scrutin du 7 novembre. De toute façon, rien ne semblait pouvoir le soustraire à cette situation. Il y avait déjà échappé en 2015, lorsque l’Assemblée nationale avait voté sa destitution, il n’avait réussi à garder son poste que grâce à la Haute Cour constitutionnelle qui avait jugé la demande « non fondée ».

« A Madagascar, lorsque je suis arrivé en 2014, le taux de pauvreté était de 92%. Aujourd’hui, il est de 70 %. » 

Au final, l’absence d’une base politique forte aura empêché Hery Rajaonarimampianina de survivre à un bilan mitigé. Malgré toute sa bonne volonté, le président au patronyme en 19 lettres ne devra se contenter que d’un bref mandat qu’il a même failli ne pas achever. Tout cela parce qu’à l’heure des comptes, la légère avancée économique (une croissance de 5,1% en 2018) n’a pas suffi pour donner à Hery Rajaonarimampianina la stature qui lui manquait déjà en 2013.

 hery macron

Le président au patronyme en 19 lettres devra se contenter d’un bref mandat.

 

Finalement, ceux qui le considéraient comme un président de substitution, ayant profité de la disqualification des deux leaders politiques du pays, n’avaient pas forcément tort.

 

Un président par défaut ?

Né en 1958, il a grandi dans un milieu modeste, dans le village d’Antsofinondry. Il a étudié la comptabilité au lycée technique-commercial Ampefiloha où il a obtenu son baccalauréat.

A l’université, il choisit un cursus en sciences économiques. Il obtient une licence, en 1982, à l'établissement d'enseignement supérieur de droit, d'économie, de gestion et de sciences sociales, de l'université d’Ankatso Antananarivo. Il part ensuite pour le Canada où il obtient un diplôme de technicien supérieur en finance et comptabilité à l'université du Québec. En 1991, il décroche son diplôme d'expertise comptable du Certified General Accountant's Association.

De 1991 à 1995, il occupe le poste de directeur des études à l'Institut national des sciences comptables et de l'administration d'entreprises (INSCAE). Dans le même temps, il enseigne à l'université d’Antananarivo et à l'Institut d'administration des entreprises de Metz, en France. En 1995, il fonde son propre cabinet d'expertise comptable. Compétent, il réussit à travailler avec de nombreuses entreprises internationales. Son succès est tel qu’en 2009, il est nommé président de l'ordre des experts-comptables et commissaires aux comptes de Madagascar.

En 1995, il fonde son propre cabinet d'expertise comptable. Compétent, il réussit à travailler avec de nombreuses entreprises internationales.

Quelques semaines plus tard, il intègre le gouvernement, « illégitime » d’Andry Rajoelina. Alors maire de la capitale, ce dernier prend la tête des manifestations qui aboutiront à l’éviction du pouvoir et à l’exil forcé du président de l’époque, Marc Ravalomanana. Hery Rajaonarimampianina est alors nommé ministre des Finances et du Budget.

Pendant quatre ans, il réussit, sans le soutien de la communauté internationale qui désavoue la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina, à contenir l’inflation et à maintenir la stabilité de l'ariary, la monnaie malgache. La capacité de l'administration Rajoelina à payer les travailleurs à date apportera à ce dernier et à son ministre des finances une certaine popularité.

 andry hery

Elu avec le soutien de Andry Rajoelina, Hery Rajaonarimampianina s’était rapidement affranchi de son mentor.

 

Alors, lorsqu’à l’issue de la Transition, tous les anciens chefs d’Etat malgaches sont exclus des présidentielles de 2013, Hery Rajaonarimampianina saisit sa chance, soutenu bon gré mal gré par le putschiste sortant Andry Rajoelina.

Deuxième à l'issue du premier tour, il remporte tout de même la victoire contre Jean-Louis Robinson, son adversaire, substitut de Marc Ravalomanana en exil.

hery sy ravalo

C’est Hery Rajaonarimampianina qui a permis à Marc Ravalomanana de revenir au pays et de reprendre sa place dans le jeu politique.

Une fois élu, contre toute attente, Hery Rajaonarimampianina s’affranchit de la tutelle d’Andry Rajoelina. Il permet même à Marc Ravalomanana de revenir au pays et de reprendre sa place dans le jeu politique. 

Une fois élu, contre toute attente, Hery Rajaonarimampianina s’affranchit de la tutelle d’Andry Rajoelina. Il permet même à Marc Ravalomanana de revenir au pays et de reprendre sa place dans le jeu politique.

4 années plus tard, il ne parviendra pas à se hisser au second tour. Dans cette histoire, il est à nouveau cantonné à un second rôle: celui d’arbitre entre les deux leaders au coude à coude (35% et 39%). Ses maigres 9% pourraient faire la différence. En consolation, sa parole sera d’or.

Servan Ahougnon

 servan ahougnon

 

Les secteurs de l'Agence

● GESTION PUBLIQUE

● Finance

● Agro

● ELECTRICITE

● FORMATION

● TRANSPORT

● ENTREPRENDRE

● Mines

● Hydrocarbures

● TIC & Télécom

● Multimedia

● Comm