(Agence Ecofin) - Dans le monde moderne, la guerre se mène également sur les plateformes de communication digitales. Le CESA, un groupe de réflexion soutenu par le ministère américain de la défense, a détaillé les actions russes de désinformation en Afrique. Mais l’information africaine n’est pas influencée dans la région que par des initiatives russes.
Selon une publication du Centre des Etudes Stratégiques pour l'Afrique (CESA), un groupe de réflexion proche de l'armée américaine, la Russie a été au cours des dernières années, la principale actrice dans la diffusion de fausses informations via le digital. « La Russie est le principal pourvoyeur de campagnes de désinformation en Afrique, avec au moins 16 opérations connues sur le continent », peut-on lire dans la réflexion rendue publique le 13 mai 2022.
Le CESA explique que les opérations russes s'appuient sur un « héritage remontant à Joseph Staline », inventeur de la dezinformatsyia, et que les tactiques ciblées de désinformation en Afrique sont adaptées de la stratégie militaire russe de « guerre ambiguë ».
« L’objectif est souvent moins de convaincre que d’embrouiller les citoyens, créant ainsi de fausses équivalences entre les acteurs politiques démocratiques et non démocratiques, et précipitant la désillusion et l’apathie », peut-on lire dans la réflexion.
L'institution estime aussi que ces opérations ont été facilitées par les réseaux sociaux, notamment Facebook, qui n’ont pas inscrit dans leurs priorités la suppression des informations non authentiques. Si Facebook est mis en avant, des plateformes de réseaux sociaux comme Twitter et LinkedIn sont aussi évoquées.
Le rapport récapitule également d'autres actes de désinformations qui sont le fait des gouvernements africains, des organisations de la société civile, ou encore des leaders d'opinions soutenus par des groupes privés.
Cette réflexion est publiée alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ouvert une nouvelle ligne de conflit direct entre les Etats-Unis et le pays de Vladimir Poutine. Lors de son intervention à l'occasion du Doha Forum qui s'est tenu en mars 2022 au Qatar, le Sénateur américain Lindsay Graham, qui disait parler en son nom propre, a partagé la vision américaine de ce conflit selon laquelle « une issue avec Vladimir Poutine maintenu à la tête de la Russie n'est pas envisageable ».
Bien qu'elle soit très documentée, la publication du CESA se concentre essentiellement sur les actions russes, sachant que toutes les grandes puissances déploient leurs propres capacités d’influence des opinions publiques, notamment africaines. On peut lire à ce propos les récents articles de Servan Ahougnon sur les soft power chinois, français ou russe.
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