(Agence Ecofin) - Prévu pour se tenir les 9 et 10 janvier, le festival « Vodun Days » n’est pas seulement une célébration de la religion vaudoue. Pour le gouvernement béninois, l’évènement est une opportunité de présenter au monde ses ambitions au niveau du tourisme culturel.
Au Bénin, les autorités béninoises ont organisé le 8 janvier une série de visites, dans la ville de Ouidah, pour les journalistes de médias internationaux dans le but de mieux leur faire comprendre les célébrations des « Vodun Days » et leur place dans les ambitions du gouvernement.
L’événement vient remplacer la traditionnelle fête du 10 janvier, jusque-là dédiée, au Bénin, aux religions endogènes. Le circuit proposé à la presse internationale a débuté par un briefing (auquel ont participé des journalistes locaux), sur les « Vodun Days », les ambitions sous-tendues par cette manifestation et leur place dans l’image que souhaite se donner le Bénin. Le briefing a débuté par une présentation d’Alain Godonou, le directeur du programme « musées » de l'Agence Nationale des Patrimoines Touristiques (ANPT).
#VodunDays | #BeninCulture | #GouvBenin | #Wasexo |
— Gouvernement du Bénin ?? (@gouvbenin) January 2, 2024
???? PRÉPAREZ-VOUS À VIVRE UNE EXPÉRIENCE CULTURELLE INOUBLIABLE LES 9 & 10 JANVIER À OUIDAH AVEC LES @vodundays ‼️
La Cité historique de #Ouidah accueille les 09 & 10 Janvier 2024, un évènement culturel majeur :... pic.twitter.com/otc1mvgDOq
Le Bénin mise sur son patrimoine culturel
« Il y a un mantra qu’on entend beaucoup concernant la vision pour le développement du pays : "révéler le Bénin", aux Béninois et à l’extérieur du pays. Très concrètement, il s’agit de transformer l’économie béninoise en investissant dans ses atouts, notamment son patrimoine culturel multiséculaire. Nous voulons transformer le potentiel culturel en prospérité », commence Alain Godonou.
Au fil de son exposé, on se rend compte que la discussion ne tourne plus uniquement autour des « Vodun Days ». Bien évidemment, le festival et ses célébrations sont largement évoquées. Mais, au fil des diapositives, le responsable évoque différents projets où le Vaudou, en tant que religion et patrimoine culturel, accompagne tout un programme.
Les journalistes présents découvrent par exemple que les autorités sont près d’achever la mise en place d’un circuit composé d’un Musée international du Vaudou à Porto-Novo, du Musée des rois et des amazones du Dahomey, de la Cité musée de Ouidah et d’un Musée des arts contemporains à Cotonou. Ce dernier musée fera partie d’un « quartier culturel et créatif », également sur le point d’être achevé. Pour s’assurer que les journalistes présents comprennent que ces actions ont un objectif économique, une partie du modèle économique du musée des arts contemporains de Cotonou a été partagée avec les journalistes présents. Il a pour objectif d’attirer 100 000 visiteurs pour rentabiliser un investissement de 2 millions €. Le circuit proposé à la presse internationale se poursuivra par des visites de sites touristiques de la ville de Ouidah.
Le festival « Vodun Days » en vitrine du circuit touristique annoncé
Parallèlement aux manifestations traditionnelles des différents fidèles de la religion vaudoue, des concerts ont été programmés ainsi que des visites de points stratégiques de la cité balnéaire de Ouidah. Tout semble fait pour harmoniser les besoins de tous les publics et contenter aussi bien les amateurs de traditions que les simples touristes. Une attention particulière semble même accordée aux afro-descendants souhaitant renouer avec leurs racines grâce à des activités leur permettant d’en apprendre plus sur les traites négrières ayant provoqué les migrations de leurs géniteurs.
Une dédiabolisation indispensable du Vaudou
Seulement, tous ces efforts n’apporteront pas de résultats sans la dédiabolisation des cultes vaudous. Les autorités béninoises sont conscientes que le potentiel culturel et touristique du Vaudou et des évènements qui y sont liés n’atteindront jamais leur plein potentiel sans une dédiabolisation de ces cultes.
« Il faut déconstruire les stéréotypes et clichés dont le Vodun a été l’objet. L’image de la poupée Vodun largement répandue dans les imaginaires est par exemple une fabrication cinématographique d’Hollywood et n’existe pas dans les cultes Vodun originels. Le Vodun est un patrimoine culturel et cultuel central partagé par de nombreux pays et nations, notamment aux Amériques où il a endossé des rôles émancipateurs et emblématiques. L’histoire retient que la révolution anti-esclavagiste d’Haïti est née de la cérémonie Vodun du Bois-Caïman. Le vodun en tant que religion a subi de virulentes campagnes de diabolisation en Afrique de l’Ouest, comme aux Amériques, lui niant toute transcendance et spiritualité positives », nous confie Coline Toumson-Venite, chargée de mission Arts et Culture du Président de la République du Bénin lors du déjeuner ayant suivi le briefing de presse. « Les Vodun Days en tant qu’événement participent aussi de cette volonté de mieux faire comprendre et de davantage apprendre sur le Vodun», ajoute-t-elle.
En effet, avec ce festival, les autorités béninoises décident d’assumer une image de « berceau du Vaudou » dont peu de gouvernements ont pu se servir depuis la création des célébrations du 10 janvier, en 1992. La référence au Bénin, comme un pays de « magie noire » est même devenue une blague récurrente sur les réseaux sociaux à cause du statut de « berceau du Vaudou ». Décider d’assumer ce statut nécessite donc un important travail de communication pour retirer toutes ses connotations négatives. Une tâche à laquelle le gouvernement béninois a décidé de s’atteler.
Servan Ahougnon
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.