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Muriel Edjo : « Oui, la technologie de l’Internet des Objets est déjà appliquée en Afrique » (entretien)

  • Date de création: 16 novembre 2022 19:46

(Agence Ecofin) - Muriel Edjo vient de produire un rapport intitulé « l’Internet des Objets, la prochaine grande évolution du marché de la data en Afrique ». Il nous explique en quoi cette technologie va changer la vie quotidienne et l’économie du continent, quels sont les secteurs les plus concernés et le chemin qui reste à parcourir pour profiter pleinement de ces opportunités. Entretien.

Agence Ecofin : La technologie de l’Internet des objets (IdO) est-elle déjà appliquée en Afrique ?

Muriel Edjo : Avant toute chose, il est nécessaire de préciser que l’Internet des Objets désigne à la fois le processus de connexion d’objets physiques à Internet et le réseau qui relie ces objets. L’IdO relie tout élément capable de transférer des données sur un réseau, sans forcément nécessiter d’interactions entre humains ou entre un humain et un ordinateur.

Les données transférées sont souvent nécessaires à une prise de décision éclairée. Oui, cette technologie est déjà appliquée en Afrique dans divers cas de figure. Au Sénégal par exemple, la Société national d’électricité (Senelec) exploite des compteurs intelligents via son service Woyofal. Ils permettent à la société d’apprécier à distance la consommation électrique d’un bâtiment, d’une entreprise ou d’un foyer de manière détaillée, précise et en temps réel et de facturer avec justesse. Ces dispositifs contribuent à combattre la fraude.

Depuis 2012, l’Agence nationales des routes (SANRAL) exploite un système de péage électronique basé sur l'Internet des Objets sur certaines autoroutes. Il collecte les frais de passage sans intervention humaine en scannant des étiquettes électroniques rechargeables installés sur les véhicules. La technologie réduit le temps de paiement et combat les embouteillages sur ces voies à grande vitesse. En Afrique, il existe déjà plusieurs cas pratiques d’Internet des Objets qui ne sont pas toujours véritablement perçus par les populations. La technologie est utilisée aussi bien par les services publics que par les entreprises privées.

AE : Jusqu’où l’IdO peut-il changer la vie quotidienne d’un Africain moyen ? 

ME : Ça dépend du secteur dans lequel l’IdO est mis en pratique. Dans le secteur des services, il a le pouvoir d’améliorer la façon dont nous vivons, interagissons avec notre environnement direct. Imaginez-vous recevoir des informations en temps réels sur votre maison quand vous n’y êtes pas, sur votre consommation ou votre santé, grâce à l’Internet des objets. Les caméras connectées vous permettent de garder un œil sur vos enfants ou sur la baby-sitter depuis votre téléphone. Un détecteur de fumée connecté vous interpelle sur un risque d’incendie dans votre domicile quand vous n’y êtes pas, d’intervenir en conséquence ou d’interpeler un proche. Les montres connectées deviennent chaque jour un peu plus pointues dans la surveillance des paramètres de santé sur lesquels certains spécialistes s’appuient pour prendre des décisions. La localisation de votre véhicule, de vos enfants, de vos animaux de compagnie via un traceur sous inséré sous le capot, dans le sac à dos ou sur un collier, est aussi une application de l’Internet des Objets.

La localisation de votre véhicule, de vos enfants, de vos animaux de compagnie via un traceur sous inséré sous le capot, dans le sac à dos ou sur un collier, est aussi une application de l’Internet des Objets.

En Gambie, dans les communautés rurales qui peinaient à accéder à l’eau potable et souffraient de maladies relatives à la mauvaise qualité de l’eau, eWATER, une entreprise qui utilise la technologie mobile pour l'entretien durable de l'eau, a mis à contribution l'IdO pour résoudre ce problème. Elle a aménagé des points d’eau potable qui ne fonctionnent qu’avec un jeton intelligent. Ce dernier, rechargeable par mobile money, doit être apposé sur le robinet pour qu’il délivre la quantité d’eau achetée. Bien utilisé, l’IdO offre vraiment de nombreuses possibilités en Afrique. 

AE : En quoi l’IdO devrait stimuler l’économie ? et plutôt dans quels secteurs ?

ME : L’Internet des objets a le pouvoir d’améliorer l’efficacité opérationnelle de nombreux secteurs économiques, de relever de ce fait leurs rendements. En 2019, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estimait à plus de 370 milliards de dollars par an le gain mondial généré par l’efficacité de productivité suscitée par l’Internet des Objets en 2025. Soit 0,34 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Avec la Covid-19 qui a accentué l’adoption du numérique et conféré davantage de valeur à Internet, ces chiffres devraient certainement avoir été revus à la hausse depuis.  Les secteurs les plus à même de bénéficier des avantages de cette technologie sont l’industrie manufacturière, la logistique et le transport, la santé ou encore l’agriculture.

Les secteurs les plus à même de bénéficier des avantages de cette technologie sont l’industrie manufacturière, la logistique et le transport, la santé ou encore l’agriculture.

Dans le secteur industriel, l’IdO a la capacité d’améliorer la production des usines en soutenant l’automatisation et l’optimisation des chaînes de production, d’anticiper au mieux les pannes grâce à la maintenance prédictive opérée suite à l’analyse de données, d’améliorer aussi la sécurité des employés. 

Dans la logistique et le transport, le gros avantage de l’Ido réside dans le suivi des cargaisons, l’analyse des stocks, l’optimisation de l’entreposage ou du stockage. C’est actuellement une solution très appréciée par les entreprises de manutention portuaire, les transitaires, etc.

Dans la santé ou l’agriculture, les objets connectés à Internet améliore la qualité des soins et des interventions agricoles. Dans les deux cas, l’IdO favorise un meilleur suivi opérationnel. Même la protection de l’environnement a des opportunités à tirer de l’Internet des objets (contrôle de la qualité de l’air, surveillance des marées, de la météo, etc.). Il y a aussi le secteur de la grande consommation. De plus en plus de personnes apprécient les télévisions connectées, les automobiles connectées, les assistants vocaux, etc. L’énergie et la finance (borne de paiement, etc.) aussi. 

AE : Par rapport aux autres continents, où se situe l’Afrique dans l’adoption de cette technologie ?

ME : L’Afrique est encore derrière tous les autres continents en matière d’adoption de l’IdO. GSMA estime que les seules connexions IdO cellulaires représenteront déjà un nombre de plus de 4 milliards en 2025 dans le monde, avec seulement près de 25 millions de connexions en Afrique. Il faut cependant préciser que les choses peuvent changer d’ici là. En 2019, la 5G n’était pas perçue comme une technologie qui apparaitrait sur le continent avant 2025. Aujourd’hui elle est déjà lancée dans une douzaine de pays. Pour l’IdO, les acteurs publics et privés sont conscients du rôle que la technologie jouera dans l’industrie 4.0. Il est certain qu’ils prendront les mesures qui s’imposent, aussi bien en matière de réglementation que d’investissements. Depuis 2021, un plus grand nombre de pays africains réfléchit aux opportunités de l’IdO. Parmi eux le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire. 

AE : Quelles compétences va nécessiter son déploiement africain ?

ME : L’Afrique est actuellement le continent où les compétences numériques font le plus défaut dans le monde. Les différents systèmes éducatifs commencent seulement à s’adapter aux nouveaux besoins du marché de l’emploi. L’IdO fait partie des technologies où la main-d’œuvre ne commence qu’à éclore sur le continent en raison de l’intérêt croissant suscité par le marché. Cela suppose que la formation devra être orientée sur des connaissances technologiques en lien avec le développement des systèmes, la connexion aux infrastructures qui communiquent avec les objets, l’accès et la gestion des données, les normes naissantes. La cybersécurité est l’une des principales compétences sur lesquelles il faudra accentuer la formation en Afrique. Tout réseau numérique, sans intégrité, est un danger aussi bien pour l’économie que pour les consommateurs.

AE : Quelle est l’application la plus connue de cette technologie dans le monde ?

ME : A mon avis, le smartphone est actuellement l’application de l’Internet des Objets la plus connue dans le monde. Le principe de l’Ido peut se réduire à trois points : un objet, une connectivité et la mise à disposition des données. Nos smartphones répondent à toutes ces conditions. Ce sont des objets, qui se connectent à Internet et qui transmettent en continu un grand nombre d’informations sur nous grâce aux nombreuses applications que nous y avons installées.



 
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