(Agence Ecofin) - Le plus prolifique des blocs pétroliers du Nigeria, OPL 245 est de nouveau au cœur de l’actualité. Selon une étude de l’ONG Global Witness, l’accord controversé signé en 2011 entre Eni et Shell pour acquérir le périmètre, a entraîné un manque à gagner de 5,86 milliards de dollars pour les caisses publiques. Cela, avec un prix du baril moyen de 70 dollars.
Pour rappel, les deux multinationales avaient versé 1,3 milliard de dollars dans des comptes du gouvernement pour l’acquisition du bloc. Par la suite, 70% de ces fonds ont été transférés vers les comptes de Malabu, une compagnie détenue par Dan Etete, ancien ministre du pétrole du Nigeria entre 1995 et 1998. Celui-ci aurait facilité, l’acquisition. D’ailleurs, Shell a admis, en avril 2017, qu’elle savait qu’une partie des paiements, versée au gouvernement nigérian, pour les droits au bloc, serait transférée sur les comptes de Malabu Oil and Gas. Plusieurs responsables du secteur sont cités dans cette affaire.
Ce manque à gagner pourrait, selon l’ONG, financer deux fois le budget fédéral annuel combiné de la santé et de l'éducation.
L’ONG fonde son calcul sur les recommandations du FMI selon lesquelles, les pays producteurs de pétrole parvenus à maturité, devraient recevoir 65 % à 85 % des recettes pétrolières, le reste pouvant aller aux sociétés de production. En l’état, l’accord devrait permettre au Nigeria de contrôler seulement 41% du périmètre.
Face à l’ampleur de l’affaire, le bloc est retourné dans le giron de l’Etat en janvier 2017, en attendant que l’affaire soit jugée devant les tribunaux italien, britannique et nigérian.
Le bloc OPL 245 est considéré comme le plus grand bloc pétrolier d’Afrique avec un potentiel de plus de 9 milliards de barils de brut. Il est situé dans la région du delta du Niger.
Olivier de Souza