Et si, pour l’Afrique, la véritable école du développement était l’Estonie, ce petit pays où naissent les licornes ?

(Ecofin Hebdo) - Quand on cite les influences des différents modèles de développement économique mis en oeuvre sur le continent africain, on cite rarement celui de l’Estonie. A vrai dire, combien de personnes sur le continent connaissent ce Etat européen de 1,3 million d’âmes, réuni avec la Lituanie et la Lettonie sous le vocable de “pays baltes”?

Peu d’africains seraient à même de situer le pays sur une carte, mais pourtant, beaucoup profitent chaque jour des fruits du génie estonien. Appelle-t-on un parent à l’étranger via skype? Se déplace-t-on à Johannesburg ou à Nairobi via Taxify? Alors on est en interaction avec des applications nées et portées à maturité à Tallinn, la capitale du pays.

Ainsi, affirme Kersti Kaljulaid, la présidente du pays, « Rapporté à nos 1,3 million d'habitants, aucun autre pays dans le monde ne peut se targuer d'avoir donné naissance à 4 licornes. (4 compagnies technologiques valorisées à plus de 1 milliard de $, à savoir Skype, Taxify, Playtech et Transferwise, NDLR) »

Pays à 100% connecté, véritable start-up nation, où chaque citoyen est doté d’une identité digitale et où la plupart des interactions avec l’Etat se font par voie numérique, l’Estonie exporte aujourd’hui son savoir-faire en matière d’e-gouvernance et de services numériques. Sommes-nous là face à un conte de fées? Pas vraiment. Ainsi que le rappelle la Présidente estonienne, le pays, indépendant depuis 100 ans, sort à la fin des années 90 d’une tutelle soviétique longue et pesante. Le salaire mensuel moyen tourne autour de 30$. Si aujourd’hui il est de 1300 euros et que le pays a pu se faire une place de choix dans un domaine aussi spécialisé que celui des services numériques, c’est d’abord la conséquence de choix forts.

L’option du libéralisme économique, l’adoption des technologies numériques, un cadre législatif solide et évoluant pour mieux encadrer le progrès, un système éducatif de qualité, et une culture démocratique qui a germé au fil des années. 

Pour les nations africaines, cette sucess-story baltique est porteuse de leçons fortes.

La première est que le développement n’est pas fonction de la taille d’un pays, ni de ses avantages en matière de ressources naturelles.
La deuxième est que l’éducation n’est pas une dépense vaine, même si ses fruits ne se récoltent que dans le long terme.

La troisième est que tout cadre favorisant la démocratie et la liberté d’entreprendre libère les énergies des citoyens et leur permet de donner le meilleur d’eux-même pour le mieux-être de tous.

La quatrième est que des infrastructures de qualité permettent la construction de services de qualité qui, contribueront via des taxes à la mise en place d’un cercle vertueux.

La cinquième leçon est que la transparence des institutions et des systèmes encadrant la société donnent de meilleurs résultats qu’une culture de l’opacité.

Autant de leçons qui auront été serinées sur tous les tons, mais jamais entendues par les dirigeants africains. Et pourtant beaucoup se veulent les hérauts d’une révolution digitale à laquelle ils ne semblent pas avoir compris grand chose. Et pourtant tous, répètent que cette jeunesse, ultra-connectée et ambitieuse, représente l’avenir du continent, tout en s’évertuant à freiner ses élans.

L’Afrique est-elle prête pour le décollage? Il ne nous revient pas de trancher cet éternel débat opposant d’un côté afroptimistes et de l’autre, afropessimistes. Au mieux nous contenterons-nous de noter que quand elle se décidera à prendre son envol, elle pourra toujours regarder vers la mer baltique, où elle trouvera une paire d’ailes et un doigt pour lui montrer la direction du ciel.

Aaron Akinocho

Aaron Akinocho

 

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