(Agence Ecofin) - Pour la SAMIR, condamnée à une fermeture définitive, l’espoir pourrait venir d’Irak. C’est ce qu’indique le plus vieil indice boursier du monde, le Dow Jones, en rapportant que le gouvernement irakien et deux partenaires stratégiques dont le négociant BB Energy ont fait une offre de reprise pour relancer les travaux de l’usine qui traite 200 000 b/j.
Cependant, la tâche ne s’annonce pas aisée pour cette alliance. La réussite de l’opération dépendra d’un certain nombre de procédures pour assurer la vente des actifs qui ne sont pas essentiels à l’activité de raffinage, explique le Dow Jones. Il faudra entre autres pour l’alliance, utiliser le produit des cessions d’actifs pour rembourser les créanciers, poursuit-il.
Selon des experts, la valeur actuelle de l’usine est de 2,1 milliards de dollars. Plusieurs offres ont été faites pour son rachat entre 2016 et 2017 mais aucune n’a convaincu le syndic en charge de sa gestion provisoire, même si certaines ont excédé les 3 milliards de dollars.
Notre source accuse le processus d’avoir été lent, d’avoir manqué de transparence et surtout d’avoir été dépourvu de volonté politique. Rappelons que le 14 janvier dernier, Aziz Rabbah, le ministre marocain de l’Energie avait déclaré à Abu Dhabi, concernant la SAMIR ; « soit on trouve un acheteur, soit on ferme ».
Le gouvernement préfère se concentrer sur la construction d’un vaste terminal gazier à El Jadida dont le coût avoisinera 4,6 milliards de dollars. Le gaz étant de plus en plus considéré comme l’énergie du futur, le royaume souhaite visiblement se positionner sur ce filon au détriment du pétrole.
Pour l’Irak qui ne dispose pas d’une capacité de raffinage suffisante, une partie ou l’ensemble des 200 000 barils traités à la SAMIR pourrait aider à réduire les importations d’essence et de diesel. L’option des exportations vers l’Europe pourrait également être envisagée car la raffinerie est capable de produire des produits conformes aux normes européennes. Quoiqu’il en soit, il s’agira d’un avantage logistique important de disposer de cette capacité de traitement supplémentaire.
Pour le Maroc, maintenir une capacité de raffinage domestique, pour le marché local est stratégique, en plus des avantages accumulés pour l'économie locale. Si l'opération aboutit, au moins 850 emplois directs seront sauvés.
Il faut rappeler que début 2016, le tribunal de commerce de Casablanca a prononcé la liquidation judiciaire de la SAMIR en raison de ses difficultés économiques causées par la chute des prix du pétrole, la dette et surtout une mauvaise gestion de la part de son exécutif. Selon des sources proches du dossier, le milliardaire Mohammed al-Amoudi, actionnaire majoritaire, a longtemps rechigné à investir dans le développement de l’usine.
Olivier de Souza
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