(Agence Ecofin) - Au Nigeria, les associations réunissant les communautés des zones de production pétrolière du Delta du Niger, les ONG et certaines parties prenantes de l’industrie ont demandé au président Muhammadu Buhari de ne pas promulguer le nouveau code pétrolier, voté en janvier dernier.
Pour celles-ci, le nouveau document représente un danger pour la souveraineté des ressources pétrolières du pays, car son intention est une privatisation de ces ressources qui seront entièrement contrôlées par les firmes pétrolières.
Selon le Dr Joseph Ellah, un ancien responsable de l’upstream de la société publique du pétrole (NNPC), les dispositions de la nouvelle loi impliquent que les droits de la fédération sur le pétrole et le gaz se limitent aux taxes et aux redevances et à aucun intérêt participatif dans la chaîne de production. Ce code, une fois entré en vigueur, pourrait déclencher une nouvelle vague de troubles dans le Delta du Niger et enliser le pays dans la crise, ajoute-t-il, dans des propos relayés par The Guardian Nigeria.
D’après Ellah, le but ultime des législateurs est de segmenter la NNPC pour réduire son influence sur le marché et, à travers les sociétés nouvellement créées, opérer des magouilles pour favoriser plus de corruption et de détournements. C’est même ce qui aurait justifié que les tractations pour le vote de la loi aient duré 17 ans. Par conséquent, poursuit-il, la pauvreté dans le Delta, zone déjà très démunie, bien qu’elle fournisse 70% de la production du pays, sera plus grande.
Un point de vue soutenu par le Pr Eme Ekekwe de l’université de Port Harcourt. Pour lui, après l’analyse du texte, le nouveau code pétrolier appauvrirait davantage non seulement la région du Delta du Niger, mais tout le Nigeria, étant donné que le pays dépend presque entièrement de la manne pétrolière.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole en Afrique, avec plus de 2 millions de barils extraits chaque jour. Son nouveau code pétrolier est censé entraîner plus de recettes issues de l’exploitation pétrolière et aussi une plus grande responsabilité des firmes publiques dans l’amont pétrolier.
Olivier de Souza