Afrique du Sud : les analystes doutent désormais d'une future baisse des taux par la Banque centrale

(Agence Ecofin) - Des analystes qui suivent le marché des capitaux en Afrique du Sud doutent désormais d'une baisse future des taux directeurs de la Banque centrale. Il y a une semaine encore, cette hypothèse était pourtant la plus largement admise, alors que la hausse des prix au sein de l'économie était dans les prévisions de la banque, et que les autorités ont besoin de renouer avec la croissance.

« Le poids des facteurs qui préconisent le maintien des taux à un niveau inchangé, prévaudra probablement la faible efficacité des réductions de taux pour stimuler la croissance à ce stade, la conjoncture extérieure perturbée et la volatilité des taux de change », a déclaré Phoenix Kalen, directeur londonien de la stratégie pour les marchés émergents chez Société Générale.

Ce pessimisme est surtout alimenté par la tragédie survenue en Arabie Saoudite où une des installations pétrolières a été bombardée par un drone. Les Saoudiens ont fait savoir qu'ils sont capables de réapprovisionner le marché, mais c'est la réaction du président américain Donald Trump qui inquiète désormais. Lui et son administration n'excluent pas de répondre à cette attaque qu'ils attribuent aux Iraniens.

Une position qui fait craindre des instabilités sur l'approvisionnement du pétrole au niveau mondial. En Afrique du Sud, pays qui dépend majoritairement de l’importation du pétrole, une hausse des prix de l'or noir, couplée à la baisse de valeur du rand sur le dollar, provoquerait une inflation que les autorités monétaires n'ont pas envie de soutenir. La décision de la Banque centrale sera surtout suivie par les 7,8 millions de personnes qui ont pris des crédits à taux variable et non garanti, mais aussi par le gouvernement. 

La baisse des taux directeurs de la Banque centrale arrangerait ces deux catégories d'agents économiques. L'Etat en a besoin pour soutenir son ambition de sauvetage des entreprises publiques en difficulté, et les ménages qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois seraient bien ravis de réduire leurs dépenses de remboursement de dettes sur une certaine période.

Idriss Linge