(Agence Ecofin) - Malgré les ambitions initiales, la production cotonnière du Togo a enregistré une baisse alarmante de plus de 66 % entre 2019 et 2023. Face à la popularité croissante du soja et d’autres cultures, l’avenir de l’or blanc togolais reste incertain.
La baisse de la production cotonnière au Togo n’est pas un phénomène récent, mais elle a pris une ampleur sans précédent ces dernières années. Entre 2019 et 2023, la production a chuté de plus de 66 %, passant de 137 266 tonnes à seulement 46 549 tonnes.
Cette tendance à la baisse est d’autant plus surprenante que la reprise de la filière cotonnière par le géant de l’agro-industrie, Olam, en 2020, s’accompagnait d’ambitions grandioses. Avec un objectif de doubler la production, en misant sur des investissements ciblés, l’objectif du PNIASAN d’atteindre les 200 000 tonnes en 2022 a rapidement été douché.
En effet, même si la production était en déclin avant l’arrivée d’Olam, la tendance baissière s’est accentuée sous son égide. Ainsi, l’or blanc togolais a du mal à retrouver son lustre d’antan, alors qu’il continue de représenter la première culture d’exportation du Togo en termes de revenu.
Concurrencé par le soja
Face à la fibre, une spéculation se distingue dans ce paysage en pleine mutation, et pourrait expliquer la baisse de régime de la filière cotonnière : le soja. Ce produit qui nécessite moins d’efforts culturaux et se révèle plus rentable pour les agriculteurs, a détourné un nombre croissant d’entre eux de la culture du coton. En profitant de la structuration du secteur, facilitée par les financements des agrégateurs privés au cours des dernières années, notamment via le Programme d’appui aux initiatives économiques des jeunes (PAIEJ-SP), soutenu notamment par la BAD et les institutions financières locales, le soja s’est frayé son chemin. Il occupe désormais une place de choix, d’autant que les premières usines de transformation poussent de terre.
Et même si les centres textiles de la PIA produisent aussi déjà leurs premiers « body », les entreprises textiles mettent encore du temps à s’installer. Aussi, durant toute la campagne, le Mifa, devenu bras opérationnel de la PIA sur le terrain, pour le volet approvisionnement, n’a cessé d’orienter ses actions vers la filière soja.
De plus, l’enjeu sécuritaire vient accentuer les difficultés de la filière coton. En effet, la menace terroriste qui pèse de plus en plus lourd dans le nord du pays, met en péril la production cotonnière dans certains endroits où les agriculteurs se retrouvent fréquemment dans l’incapacité d’exploiter leurs terres, par crainte des attaques, ce qui contribue à la baisse de la production, comme le montrent les chiffres.
Les chiffres récents montrent également que la productivité prend un coup. En 2022, la superficie exploitée a légèrement diminué, passant de 68 708 hectares à 66 017 hectares, et le rendement a également chuté, de 765 kg/ha à 705 kg/ha.
Des projections optimistes, mais incertaines
La Fédération nationale des groupements de producteurs de coton du Togo (FNGPC) prévoit une production d’au moins 93 500 tonnes pour la campagne 2023-2024. Une prévision optimiste qui soulève néanmoins des interrogations, car la FNGPC n’a plus atteint ses objectifs depuis plusieurs années. Alors que les performances restent mitigées, des interrogations reviennent : la réhabilitation de la filière cotonnière est-elle possible ?
Fiacre E. Kakpo
Meknès, Maroc.