(Agence Ecofin) - Alors que la réserve fédérale américaine envisage le retrait de l'autorisation donnée il y a une décennie aux banques US de posséder des actifs de matières premières physiques, suite à la multiplication de sombres affaires de manipulation des cours ou de rétention de stocks, les banques américaines passent à la contre-attaque.
Un rapport financé par l’Association de l’industrie boursière et des marchés financiers (Securities Industry and Financial Markets Association/SIFMA), le plus puissant lobby bancaire de Wall Street, affirme dès ses premières lignes que les banques américaines «jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement des marchés de matières premières».
Le rapport élaboré par le cabinet d’étude de marché et de recherches IHS met en avant la «contribution des banques à la liquidité et la stabilité» des marchés des matières premières.
«Les industries des matières premières à forte intensité de capitaux nécessitent des investissements importants dans la production, le transport, la transformation et de commercialisation pour apporter divers types de produits au consommateur américain. Et les institutions financières sont au centre de ces activités», souligne le rapport.
Réalisé par huit analystes de renom du cabinet IHS et supervisé par Daniel Yergin, spécialiste des questions énergétiques et lauréat du prix Pulitzer en 1992, le rapport minimise l’emprise des banques sur le négoce des matières premières.
Très loin derrières les traders et les industriels, la part de marché moyenne des banques atteindrait seulement 0,5% dans les importations américaines de pétrole brut entre 2008 et 2012 (contre 1,9% pour les sociétés de négoce), et 4% pour les produits raffinés entre 2006 et 2012 (contre 16%). Dans le gaz naturel, elles pèsent 10,4% des volumes assurés par les vingt plus gros acteurs. Dans ce secteur, «une baisse de 10% des investissements [...] entraînerait une diminution de 3% de la production sous trois ans», prédit le rapport. Un coup dur pour l'industrie du gaz et du pétrole qui représente «9,6 millions d'emplois» et «7,3% du PIB» américain.
Depuis quelques mois, de multiples voix s'élèvent aux Etats-Unis pour dénoncer le poids de Wall Street dans le négoce des matières premières. Le Sénat a lancé des investigations pour déterminer si les banques manipulent le marché. La Réserve fédérale envisage de revoir les règles de 2003 qui ont permis aux banques de développer leurs activités de trading physique.
La Commodity Futures Trading Commission (CFTC, régulateur des dérivés) a, quant à elle, assigné Goldman Sachs, JPMorgan et d'autres exploitants d'entrepôts de métaux, accusés de faire de la rétention de stocks. Dans ce contexte, et après avoir écopé d’une amende de 410 millions de dollars, pour manipulation du cours de l'électricité, la banque JP Morgan a annoncé, fin juillet dernier, qu'elle allait se séparer de son activité de négoce physique des matières premières.
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