(Agence Ecofin) - Dans deux discrets communiqués signés et publiés sur le site internet de la BRVM, l’Agence Ecofin apprend que les sociétés cotées sur ce marché financier ont obtenu une rallonge de délai jusqu’au 31 décembre 2018, pour se conformer à la réglementation imposant un minimum d’actions réservées aux investisseurs du marché.
La règle qui se présentait sous la formule de flottant boursier minimum et de volume d’actions minimum dans ce flottant devait entrer en application en 2018. Les sociétés cotées avaient obtenu un délai de deux ans pour respecter ce rendez-vous de 2018. Mais tout le monde n’a pas pu suivre le mouvement.
Les arbitrages qui ont conduit le conseil d’administration à accorder un délai d’une année supplémentaire sur ce dossier ne sont pas précisés. Mais il n’est pas exclu que le vent baissier qui a soufflé sur le marché tout au long de l’année 2017 y soit pour beaucoup. Mener ce processus jusqu’au bout avant 2018 aurait conduit à une offre supplémentaire d’actions aux investisseurs. Il n’est pas certain que ces offres d’actions auraient été absorbées totalement, lorsqu’on sait que, malgré de nouvelles introductions boursières, la BRVM a terminé sur une capitalisation boursière en baisse à la fin 2017.
Les observateurs divergent quant aux causes de cette morosité sur la BRVM. Selon Brice Kouao, un comptable ivoirien, expert de l’investissement boursier, le marché financier de l’UEMOA fait face à une des baisses cycliques qu’elle a souvent connues au cours de ces dernières décennies. Dans son argumentaire, il note que les investisseurs qui sont positionnés sur le long terme peuvent se livrer à des calculs différents.
Chez Bloomfield Investment, une agence de notation africaine basée en Côte d’ivoire, on a choisi d’énumérer les faits. Une longue correction après une période 2012-2015 de valorisations records, combinée à des résultats financiers en baisse pour certaines entreprises et la réorganisation des portefeuilles par les investisseurs, afin de bénéficier de nouvelles introductions et donc de potentielles plus-values de court terme.
Mais si les causes ni la portée de la tendance baissière qui souffle sur la BRVM ne sont pas connues, il est difficile d’apporter de nouvelles actions sur le marché tant que ces deux questions n’ont pas trouvé une solide réponse.
Reste le fait qu’il s’est installé une rude concurrence des produits de placement, sur le marché financier de l’UEMOA. Selon les statistiques monétaires publiées par la BCEAO, la rémunération des dépôts bancaires atteint désormais une moyenne située entre 5% et 6%, selon les pays. Parallèlement, les titres émis par les Etats de l’UEMOA sont en augmentation, et offrent aussi des rendements intéressants. Ainsi, même si investir en bourse rapporte une rémunération intéressante, la BRVM ne se démarque plus particulièrement du rendement des autres produits de placement disponibles sur le marché financier de cette sous-région.
Idriss Linge
Paris - France - The Westin Hotel Vendôme