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Doublement du capital social des banques au sein de l’UEMOA : analyse d’expert avec Guy Abgre

  • Date de création: 15 janvier 2024 13:13

(Agence Ecofin) - Le 21 décembre 2023, le Conseil des ministres de l'UMOA a doublé le capital social minimum des banques de la zone, passant de 10 à 20 milliards de F CFA. Cette mesure qui se déploiera sur 3 ans, vise à renforcer le secteur bancaire face aux besoins de financement des économies de cette région. 65 des 135 banques que compte la sous-région sont concernées par cette exigence. Avec Guy Abgre, expert depuis plus de 20 ans dans la gestion des risques et de conformité règlementaire, basé à Abidjan en Côte d’Ivoire, nous analysons les implications associées à cette décision. 

Agence Ecofin : Quelle est la pertinence de l'augmentation du capital social minimum des banques à 20 milliards de FCFA, compte tenu du volume actuel de l'activité bancaire et du potentiel de croissance dans les pays de l'UEMOA ?

Guy Abgre : L'augmentation du capital minimum à 20 milliards de FCFA est tout à fait justifiée, considérant les perspectives économiques et bancaires dans la zone UEMOA. Voici quelques éléments clés : le FMI prévoit une croissance du PIB régional de 6,4% en 2023 et de 7,3% en 2024. La Commission bancaire anticipe une augmentation annuelle des crédits à l'économie de 12% à 15% jusqu'en 2024. Cette intensification de l'activité bancaire nécessite des institutions financières robustes pour gérer efficacement l'augmentation des flux financiers. Bien que le montant uniforme de 20 milliards puisse nécessiter des ajustements selon les spécificités de chaque pays, dans l'ensemble, cette hausse des fonds propres réglementaires est pleinement justifiée par l'accélération attendue de l'activité économique. 

Agence Ecofin : Dans un secteur où moins de 15% des banques sont en difficulté selon le rapport 2023 de la commission bancaire sous-régionale, quelle est la problématique principale que l'UEMOA cherche à résoudre ou l'opportunité qu'elle vise à créer avec cette augmentation des fonds propres réglementaires ?

Guy Abgre : L'objectif de cette hausse des fonds propres des banques commerciales, selon la BCEAO, est de renforcer leur stabilité et leur résilience face aux chocs économiques et financiers. Actuellement, même si seulement une fraction des banques (moins de 15% des dépôts) sont en difficulté, renforcer le bilan de l'ensemble du secteur est un moyen de se prémunir contre les crises futures. Cela éviterait qu'une crise systémique n'affecte un secteur bancaire potentiellement fragile. 

« Actuellement, même si seulement une fraction des banques sont en difficulté, renforcer le bilan de l'ensemble du secteur est un moyen de se prémunir contre les crises futures ».

De plus, cette initiative représente une opportunité pour la BCEAO d’anticiper une augmentation de l’activité bancaire. En exigeant un renforcement du capital dès maintenant, les banques seront mieux équipées pour gérer une croissance significative des flux financiers et répondre aux enjeux de bancarisation et d’inclusion financière dans la région.

En somme, cette mesure proactive utilise la situation actuelle stable des banques pour préparer le secteur aux défis futurs, lui permettant ainsi de continuer à financer efficacement les économies de l'UEMOA à long terme.

Agence Ecofin : L’augmentation du capital social des banques affectera les filiales des entités comme Ecobank, UBA, Attijariwafa Bank, Société Générale, ainsi que de nombreuses petites banques avec une majorité de capitaux détenus par les nationaux, comment envisagez-vous l'impact sur la rentabilité de ces nouveaux fonds pour ces grands groupes, et peut-on anticiper une consolidation des petites banques ?

Guy Abgre : Les grandes banques panafricaines et filiales de groupes internationaux comme Ecobank, UBA, Attijariwafa Bank, Société Générale disposent d'une assise financière solide et d'un accès privilégié aux financements de marché, leur permettant d'intégrer cette augmentation de capital tout en maintenant une rentabilité adéquate sur les fonds supplémentaires.

Cependant, pour les banques nationales de plus petite taille, la situation est différente. Leur faiblesse relative en termes de fonds propres et de marges nettes soulève des interrogations quant à leur capacité à générer des rendements attractifs sur le capital additionnel.

Dans ce contexte, il est difficile d'envisager un triplement des fonds propres menant à une valeur actionnariale nette significative pour certains établissements locaux. Les petites banques locales, face aux défis de lever 20 milliards de fonds propres, pourraient chercher à fusionner, à se rapprocher ou à être absorbées. L'objectif pour ces institutions serait de mutualiser leurs efforts d'augmentation de capital et de trouver des synergies pour maintenir ensemble une rentabilité acceptable.

Agence Ecofin: Le marché bancaire de l'UEMOA qui compte environ 135 banques pour 45 millions de comptes bancaires actifs, semble dense comparé à des pays comme le Nigéria, ou encore le Kenya. Est-il probable qu'on assiste à une vague de consolidations ? Si oui, quelles tendances voyez-vous se dessiner ? Quel est le risque ultime, si les petites banques ne peuvent pas suivre l'augmentation de capital ?

Guy Agbre: Oui, il est fort probable que l'on assiste dans les 2 à 3 ans qui viennent à un mouvement de consolidation de ce secteur bancaire ouest-africain. Avec près d'une centaine d'établissements pour seulement 45 millions de comptes, la densité bancaire est deux à trois fois plus élevée que dans des pays comme le Nigeria ou le Kenya.

« Oui, il est fort probable que l'on assiste dans les 2 à 3 ans qui viennent à un mouvement de consolidation de ce secteur bancaire ouest-africain. »

Cette consolidation pourrait prendre plusieurs formes : des rapprochements entre petites banques locales sous la pression du rehaussement des fonds propres. Des absorptions de ces petits établissements par des groupes panafricains cherchant à étendre leurs parts de marché. Et dans certains pays, des entrées au capital de banques domestiques par l'État ou les fonds souverains pour préserver un actionnariat national.

Le risque pour les banques les plus fragiles incapables à terme de respecter le nouveau seuil minimal de fonds propres, malgré d'éventuelles consolidations, est celui d'une mise en résolution ordonnée, ou à défaut d'une liquidation. À ce stade, ce risque semble être limité dans la zone, affectant seulement quelques petites institutions locales qui connaissent déjà des situations financières délicates. Mais vous avez raison de souligner que cette mesure forte du régulateur provoquera certainement dans les années à venir des mouvements de fusions-acquisitions et concentrations pour "digérer" ce brusque renforcement obligatoire des fonds propres.

Agence Ecofin : Au-delà de ces défis opérationnels liés à la mise en conformité avec la nouvelle règle, quels seront les impacts, tant positifs que négatifs, de cette mesure sur les différents acteurs concernés, notamment les actionnaires minoritaires et principaux, les employés, les investisseurs et les clients ?

Guy Agbre : Pour les actionnaires minoritaires, les avantages incluent le renforcement de la solidité à long terme de leur banque, tandis que les inconvénients comprennent un risque élevé de dilution de leur participation en cas d'augmentation de capital, ainsi qu'une baisse des dividendes à court terme due aux charges supplémentaires.

Pour les principaux actionnaires, les bénéfices se manifestent dans la consolidation de leur participation de contrôle s'ils souscrivent aux augmentations de capital. Cependant, ils doivent faire face à un désavantage majeur : un investissement financier important à court terme pour éviter la dilution de leur part.

Concernant les investisseurs et analystes, les avantages se traduisent par une meilleure visibilité grâce à la facilitation des emprunts obligataires, et par une croissance et rentabilité améliorées à long terme. Toutefois, ils doivent composer avec des désavantages tels que l'impact sur la valorisation et l'attrait relatif durant la phase de transition.

Enfin, pour les salariés, l'avantage principal réside dans la sauvegarde de leur emploi à long terme grâce à la pérennité accrue des banques. Néanmoins, ils font face à des désavantages comme les réorganisations et suppressions de postes en cas de fusions ou rapprochements entre établissements bancaires. 

Propos recueillis par Idriss Linge



 
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