(Agence Ecofin) - Le président tanzanien John Magufuli (photo) a ordonné le 9 mars, à la Banque centrale du pays de laisser les banques en difficulté faire faillite, en vue d’assainir les actifs du secteur et de favoriser l’émergence d’établissements viables. «Il vaut mieux avoir quelques banques viables que des dizaines en faillite.», a-t-il déclaré en marge de l'inauguration d'une nouvelle succursale bancaire dans le Nord-Ouest du pays. «Je ne donnerai pas d'argent aux banques défaillantes.», a-t-il ajouté.
Le secteur bancaire tanzanien est depuis environ deux ans, aux prises avec une flambée des prêts improductifs, qui a plombé les bénéfices des banques et réduit considérablement leur capacité de prêter au secteur privé. Selon les données de la Banque centrale, le taux de créances carbonisées a atteint 11,7% en décembre 2017, soit plus du double de l'objectif de 5% fixé par le régulateur du système bancaire.
Dans un rapport publié en janvier dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur la stagnation des crédits servis au secteur privé et la détérioration de la qualité des actifs des banques tanzaniennes.
Troisième économie d’Afrique de l’Est, la Tanzanie compte environ 40 banques commerciales et plusieurs banques communautaires même si le marché est dominé par une poignée de grands acteurs tels que CRDB Bank.
La Banque centrale de Tanzanie avait révoqué en janvier, les licences de cinq banques communautaires sous-capitalisées pour «protéger la stabilité du système financier du pays». Cette décision a porté le nombre de banques touchées par la purge, à huit depuis le début de l’année 2017.
Le président Magufuli a pris depuis son arrivée au pouvoir en novembre 2015, des mesures énergiques dans les domaines de la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics. Elu sur sa réputation d’homme intègre et travailleur, le dirigeant surnommé le «bulldozer» a également lancé une campagne de répression de l’évasion fiscale dans le secteur minier, faisant plier des géants miniers comme la compagnie canadienne Barrick Gold.
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