(Agence Ecofin) - Pour sa prochaine sortie sur son marché local des capitaux, le gouvernement kényan prévoit de recourir à un emprunt obligataire privé. La division en charge de la gestion de la dette au sein du ministère des finances de ce pays a envoyé un couriel aux gestionnaires de fonds et aux assureurs pour une rencontre d'information.
La rencontre qui est prévue le 6 juillet prochain permettra d'établir les conditions de l'emprunt du gouvernement et la manière dont se déroulera l'opération. Selon une information rapportée par Bloomberg, ni l'association des banques kényanes, ni ses membres n'ont été invitées à la discussion.
Cette décision de ne pas impliquer le secteur bancaire dans son prochain emprunt sera à suivre. Les acteurs du secteur bancaire mettent la pression sur le gouvernement afin qu'il suspende la loi sur l'encadrement des taux d'intérêts, qui limite la capacité des banques commerciales à générer plus de revenus dans leurs activités d'octroi de crédit à leurs clients, y compris au gouvernement.
Même si l'intérêt pour les bons du trésor kényan est demeuré important, justement parce que les banques n'ont pas d'autres options que de prêter au gouvernement qui a un profil de risque moins grand, on a pu noter, selon des données de la banque centrale, que les souscriptions aux titres gouvernementaux sont passées de plus de 260% au premier semestre 2017, à seulement148% au cours de la même période en 2018.
Par ailleurs, on relève que, justement du fait de la forte demande des banques pour les obligations du gouvernement, les taux d'intérêt servis à l'administration sont descendu à la fin juin 2018 à 7,7%, contre une moyenne de 9,1% depuis mars 2015.
Deux hypothèses peuvent donc s'élaborer. Soit le gouvernement kényan veut obtenir des taux d'intérêts plus faibles sur ses emprunts et recourt à des institutionnels qui ont moins d’exigences de rentabilité à court terme. L’autre analyse pourrait être qu’il s'apprête à éliminer la loi sur la limitation des taux et ne voudrait pas, le moment venu, devoir faire face à une augmentation des remboursements de dettes à effectuer.
Selon la note de conjoncture de la Banque centrale pour le premier trimestre, les banques commerciales au 31 mars 2018, détenaient pour près de 1230 milliards de shillings (12,2 milliards $) d'obligations du gouvernement. Les gestionnaires de fonds étaient à 642 milliards de shillings et les assureurs à un peu plus de 150 milliards de shillings.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »