(Agence Ecofin) - Trois ex-banquiers de Credit Suisse ont été arrêtés, le 3 janvier, à Londres, pour leur implication dans une affaire de corruption liée à des prêts de 2 milliards de dollars contractés par des entreprises publiques au Mozambique.
Ces arrestations interviennent cinq jours après celle de l’ancien ministre des Finances mozambicain, Manuel Chang, qui avait été interpellé en Afrique du Sud, dans le cadre de la même affaire.
Selon l'acte d'accusation rendu public, jeudi, par les procureurs fédéraux américains à New York, les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire sont accusées de corruption, de blanchiment et de fraude de valeurs mobilières.
D’après un porte-parole du bureau du procureur des Etats-Unis à l'origine de l'arrestation, les trois anciens banquiers de Credit Suisse ont été libérés sous caution. Mais les procureurs fédéraux demanderont l’extradition de tous les accusés vers les Etats-Unis.
L’affaire porte sur des prêts d’un montant global d’environ 2 milliards de dollars. Ces prêts étaient destinés à financer des projets de développement au Mozambique, liés à la pêche au thon, à la surveillance côtière et aux chantiers navals. Mais environ 200 millions $ auraient été détournés par les accusés.
« En réalité, les accusés ont créé ce projet maritime pour s'enrichir et ont intentionnellement détourné une partie du produit du prêt pour verser au moins 200 millions de dollars en pots-de-vin à eux-mêmes, aux fonctionnaires du gouvernement mozambicain et à d'autres », souligne l’acte d’accusation
L'ancien ministre des Finances aurait par exemple empoché 7 millions de dollars.
Les anciens employés de Credit Suisse sont accusés de s'être enrichis personnellement et d'avoir contourné les contrôles internes de la banque.
Credit Suisse et le groupe bancaire russe VTB ont accordé en secret au Mozambique des prêts d'un montant total de deux milliards de dollars en 2013 et 2014, sans en avoir informé les créanciers internationaux tels que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Sitôt informés de l'opération, ces derniers ont gelé leur aide budgétaire, plongeant le pays dans une crise sans précédent. Conséquence : le montant de la dette du Mozambique est passé à 130% de son produit intérieur brut (PIB) en 2016, et l'a rapidement contraint à suspendre ses remboursements.
Les accusations ont été portées à New York étant donné que des paiements controversés ont transité par les Etats-Unis ; ce qui leur donne juridiction pour poursuivre les personnes accusées dans cette affaire.
Lire aussi:
16/01/2017 - Le Mozambique ne paiera pas 60 millions $ d'intérêts d'un emprunt souverain
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »