(Agence Ecofin) - L'arrivée de Cyril Ramaphosa à la tête de la présidence sud-africaine en remplacement de Jacob Zuma, très critiqué, avait été saluée par l'ensemble de la classe financière d'Afrique du sud. La joie risque d’être de courte durée, avec la volonté politique affichée par le nouveau président de procéder à des expropriations foncières sans compensation.
Si la branche la plus radicale de l'African National Congress, le parti au pouvoir et celui qui a libéré les Noirs de l'Apartheid, salue cette action de M. Ramaphosa, elle est moins claire sur la gestion des défis qui émailleront la mise en œuvre du processus.
Selon certains économistes agronomes sud-africains, le principe de la non-compensation ne devrait concerner que la nue propriété, c'est à dire le sol. Or généralement, ce qui donne la valeur ajoutée à un sol, c'est l'ensemble des travaux de préparation qui y ont été effectués et les équipements qui y sont installés, très souvent avec des contrats de crédit-bail ou de leasing.
Cette valorisation représente un niveau estimé à 90% de la valeur des terres agricoles. Or il n'est pas clair, si la non compensation ne concernera que la nue-propriété, ou l'ensemble de la valorisation apportée aux terres qui seront redistribuées aux Noirs.
L'autre aspect du risque pour les services financiers, le plus important, est celui des prêts au secteur agricole. Selon des données publiées par Wandile Shibolo, un agronome spécialiste du financement de l'agriculture, la part des banques commerciales dans la dette agricole était de 60% (96 milliards de rands, soit 6,4 milliards$) à la fin de l’année 2016.
Si le gouvernement appliquait la logique de la non-compensation jusqu'au bout, ce montant risque d'être déprécié dans les comptes des banques, et pour la part qui est assurée, cela entrainerait aussi un trou dans les comptes des sociétés d'assurance.
Pour l'instant le secteur bancaire ne vit encore aucune des conséquences de cette évolution des choses. Selon des données actualisé au 30 juin 2018, le bénéfice net cumulé (sur une période de 12 mois) des 29 établissement bancaires et assimilés opérant en Afrique du sud s'affichait à 88,7 milliards de rands (6 milliards $). Un chiffre en hausse de 9,12% comparé à celui de la même période en 2017.
Les banques commerciales, elles, ont prévenu leurs débiteurs. Ils devront honorer leurs engagements sans aucune faute.
Sur le Johannesburg Stock Exchange, la tendance est plutôt au vert pour le secteur des services financiers. Après avoir atteint son niveau record à la fin mars 2018, il légèrement reculé, mais demeure à des seuils records, comparés aux quatre dernières années. Toutes les banques cotées étaient d’ailleurs en hausse ce lundi 3 septembre, avec une progression moyenne de 1%.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.