Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

×

Avertissement

JFile::read : impossible d'ouvrir le fichier https://www.lenouveaugabon.com/component/obrss/le-nouveau-gabon

JFile::read : impossible d'ouvrir le fichier https://www.niameyetles2jours.com/fullrss.xml

×

Message

Failed loading XML...

Pour l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, l'Europe doit discuter avec les actuels dirigeants des pays sahéliens

Pour l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, l'Europe doit discuter avec les actuels dirigeants des pays sahéliens
  • Date de création: 18 avril 2024 13:06

(Agence Ecofin) - Face à la multiplication des prises de pouvoir par les forces militaires dans les Etats sahéliens d’Afrique de l’Ouest, l’Union européenne a adopté une ligne dure en réduisant la coopération. L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, propose et justifie une autre approche du problème. 

Selon le Tony Blair Institute for Global Change, l'Union européenne (UE) devrait adopter une approche plus nuancée dans la gestion de la crise de gouvernance que connaissent plusieurs pays africains situés dans la zone dite du Sahel. Le think tank fondé par l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair (photo), estime qu'on peut être plus efficace à résoudre les problèmes au-delà de la seule question sécuritaire, surtout si on prend en compte l’intérêt des populations.

« La communauté internationale doit tirer des leçons des deux dernières décennies et adapter son engagement avec le Sahel pour refléter les réalités actuelles. Cela inclut de trouver des moyens de travailler de manière constructive avec les pays de la région – et leurs dirigeants actuels – dans le but de restaurer l'ordre constitutionnel et d'améliorer la qualité et la prestation des services aux citoyens », peut-on lire dans le document.

Cette perspective n'est pas nouvelle et va dans le sens de l'euro-députée Dr. Pierrette Herzberger-Fofana. Dans un article d'opinion publié sur la plateforme African Policy Research Institute en 2021, elle a indiqué que l'approche « sécurité et développement », adoptée par l'UE, sous la conduite de la France et de l'Allemagne, comportait de nombreux risques.

Elle a également fait savoir que la stratégie européenne au Sahel minimise l'importance de la gouvernance et de l'accès aux services sociaux de base. Elle a surtout noté que cette approche a tendance à éclipser les défis régionaux tels que les conflits politiques, la pauvreté, le changement climatique, les déplacements forcés, le manque d'accès aux services sociaux de base, la mauvaise gouvernance, les inégalités et un modèle agricole inapproprié.

En Afrique de l'Ouest, le basculement dans le Sahel a pris la forme d'une montée du sentiment anti-français au sein de la population, l'ancienne puissance coloniale étant accusée de tous les défis économiques que connaissent ces pays, à travers des symboles comme la monnaie (franc CFA) et l'influence sur les institutions politiques sous-régionales. Des données de l'Indice mondial du terrorisme apportent pourtant deux informations qui nécessitent une perception différente.

La première, c'est que le problème du terrorisme dans le Sahel n'est pas particulièrement le fait de la France. Bien que des pays comme le Burkina Faso et le Niger soient désormais dirigés par des « armées patriotiques », le terrorisme n'y a pas baissé et, au contraire, le nombre de décès liés à ce phénomène a augmenté.

Selon le rapport 2024 de l'Indice global sur le terrorisme dans le monde, ces deux Etats sont dans le top 5 de ceux où l'on retrouve une forte intensité de terrorisme dans le monde, au regard du nombre de pertes en vies humaines. Le Burkina Faso a lui seul a officiellement enregistré jusqu'à 1900 pertes en vies humaines, et on ignore le nombre global des victimes, incluant celles qui ont perdu un membre.

La deuxième chose que l'on constate, c'est que le terrorisme dans le Sahel ne peut trouver une simple justification dans les faiblesses de la coopération économique et politique avec la France. Des pays comme le Nigeria et la République démocratique du Congo, qui figurent également dans le top 5 de ceux qui enregistrent le nombre le plus élevé d'attaques et de victimes du terrorisme, ne sont pas d'anciennes colonies françaises.

Le Tony Blair Institute for Global Change défend ainsi l'idée selon laquelle si l’UE manque d'avoir une approche plus pragmatique face à une situation qui est devenue plus complexe, les régimes militaires qui dirigent actuellement les Etats du Sahel continueront de naviguer sur le prétendu danger que représente la France pour s'ouvrir plus facilement à des concurrents de l'Europe à l'échelle du monde, à savoir la Russie sur le plan politique, et la Chine sur le plan économique.

Des années de croissance peu inclusive avec une coopération économique qui n'a pas été favorable à la réduction de la pauvreté ont progressivement transformé le Sahel en une poudrière, avec comme principal bouc émissaire la France. L'avènement des dictatures militaires, qui a été salué dans les euphories populaires du début, pourrait bientôt se transformer en des défis plus complexes pour la région.

Enveloppe
Recevez votre lettre Ecofin personnalisée selon vos centres d’intérêt

sélectionner les jours et heures de réception de vos infolettres.