(Agence Ecofin) - Dans une interview accordée au magazine français Le Point, Ali Benflis affirme qu’il a, en réalité, obtenu plus de 50% des voix à la dernière élection présidentielle : « Les procès verbaux des bureaux de vote avaient été trafiqués par l'administration. Ces documents ont été préétablis. On les fait signer par les membres du bureau de vote avant qu'ils ne soient remplis » déclare-t-il.
L’ancien Premier ministre, qui fut également directeur de la campagne électorale de M. Bouteflika en 1999, emploie des mots très durs à l’égard du pouvoir en place : « le grand gagnant de cette affaire est la fraude et l'argent sale » ou encore « le Conseil constitutionnel est une institution aux ordres en Algérie » qui a couvert des « faux et usages de faux ».
M. Benflis n’épargne pas non plus les observateurs qui ont validé l’élection : « Ces ONG ou observateurs, Union africaine ou Ligue arabe, ont simplement vadrouillé dans quelques bureaux de vote de la capitale. Ils ont fait un beau séjour touristique, ont été bien reçus et ont bien mangé. » Mais il accorde un bon point à Bruxelles : « A contrario, l'Union européenne, qui sait ce qui se passe en Algérie, ne s'est pas engagée dans cette histoire de faux témoignages. »
A la question du journaliste international Armin Arefi à propos des doutes qui s’expriment ça et là sur la sincérité de son opposition, le fondateur de la Ligue algérienne des droits de l’homme reconnaît qu’il a appartenu au système « mais j'y suis arrivé après le soulèvement d'octobre 1988, en réclamant l'application des droits de l'homme. Au pouvoir en tant que ministre de la Justice, j'ai fait de grands efforts pour rendre la justice algérienne indépendante. Et j'ai démissionné trois ans après, lorsque les droits de l'homme ont été mis à mal et que l'on n'a pas respecté mon point de vue, » faisant allusion à son opposition à l'interruption du processus électoral de 1991 qui avait privé le FIS de sa victoire et déclenché une guerre civile meurtrière.
Quant à l’avenir, Ali Benflis le voit à court terme : « Dans la situation où se trouve actuellement l'Algérie, et avec l'état de santé de son président, des échéances auront lieu dans peu de temps », voilà pourquoi il décide de repartir en campagne sans attendre : « Je vais réaliser une tournée à travers certaines wilayas pour créer un front, un parti, un espace politique » promet-il.
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