(Agence Ecofin) - Lors de son 17eme colloque Risque Pays, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (NYSE Euronext Paris : CFC) a maintenu pour l’Algérie la note A4 pour l'évaluation risque pays et la note B pour le climat des affaires.
Les principaux agrégats macroéconomiques restent sous contrôle : croissance du PIB de 2,6% en 2012 et 3,5% en 2013, accompagné d’une prévision de taux d’inflation de 5% et un d’un taux d’endettement très faible de 8%.
L’assureur crédit français met néanmoins en lumière les principaux facteurs de risques qui pèsent sur l’Algérie : forte dépendance envers les hydrocarbures et problèmes d’utilisation de cette rente, poids économique excessif du secteur public, lourdeurs bureaucratiques et environnement des affaires problématique pour les firmes privées et étrangères, lignes de fracture entre le pouvoir et la population et un taux de chômage élevé des jeunes.
Léger rebond de la croissance, toujours tirée principalement par le secteur des hydrocarbures et la dépense publique
Moins élevée que prévu en 2012, en raison notamment d’une conjoncture internationale peu favorable, la croissance est susceptible de rebondir légèrement en 2013, grâce à une augmentation modérée de la production d’hydrocarbures et à la poursuite du vaste programme d’investissements publics (construction de logements, de routes et de voies ferrées). Par ailleurs, la hausse des salaires du secteur public ainsi que le subventionnement des produits de base permettront de soutenir la consommation des ménages. Quant aux investissements privés, leur progression risque encore d’être entravée notamment par une insuffisance de financement. L’inflation devrait s’atténuer par le biais de plafonnements des prix des produits alimentaires, d’une baisse des droits de douane sur ces produits et d’une meilleure gestion de leur distribution.
Faible endettement public et solide position financière extérieure
En dépit de la hausse des revenus pétroliers - représentant plus de 70% des recettes de l’Etat - le déficit budgétaire s’est accru en 2012, en raison de l’augmentation des dépenses (salaires du secteur public, mesures sociales, modernisation des infrastructures). De fait, la vulnérabilité des comptes publics aux prix des hydrocarbures s’est accrue. Le déficit budgétaire devrait, cependant, se réduire en 2013 grâce à une gestion plus prudente, avec l'assainissement prévu des dépenses courantes et la hausse des recettes hors hydrocarbures. De plus, les revenus des hydrocarbures mis en réserve dans le Fonds de Régulation des Recettes permettent de financer ce déficit, et le pays bénéficie d’un faible endettement public.
Grâce aux exportations d’hydrocarbures - représentant plus de 95% des recettes en devises - et à des cours devant rester élevés, les balances commerciale et courante seront encore excédentaires en 2013, malgré un effritement. Ces exportations sont soutenues par la mise en service, depuis 2011, du gazoduc Medgaz entre l'Algérie et l'Espagne, d'unités de gaz naturel liquéfié en 2012, ainsi que par des capacités additionnelles de production de pétrole à partir de 2013. Par ailleurs, les importations resteront limitées par les mesures restrictives prises par les autorités depuis 2009, en dépit d'importants achats de blé, dont l'Algérie est l'un des plus gros importateurs au monde, et de biens d’équipement liés au développement des infrastructures.
D’imposantes réserves de change (environ 3 ans d'importations) renforcent une situation financière extérieure déjà solide. Afin de diversifier ses avoirs, l'Algérie a apporté fin 2012 une contribution de 5 milliards $ au FMI. Le pays entend également ainsi s’affirmer sur la scène internationale, dans le contexte de son laborieux processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. De plus, la politique active de désendettement extérieur, via notamment l’interdiction pour les entreprises d’emprunter à l’étranger, maintient le ratio dette/PIB à un niveau très faible (3%).
Des défis dans les domaines politique, social, sécuritaire et des affaires
Dans le contexte des soulèvements intervenus depuis début 2011 dans d'autres pays arabes, le pouvoir a pris des mesures destinées à améliorer la représentation politique, à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter les logements sociaux, afin de désamorcer la contestation politique et sociale.
Les élections législatives de mai 2012, marquées par un niveau élevé d’abstention, n’ont pas conduit à un rééquilibrage des forces politiques au profit de partis islamistes, la coalition nationaliste au pouvoir, composée principalement du FLN et du RND, ayant conservé la majorité. Etant donné les larges prérogatives du Président, l’échéance importante sera l'élection présidentielle d’avril 2014. M. Bouteflika ne devrait pas briguer un quatrième mandat. La période à venir sera donc marquée par la préparation de sa succession, compliquée, notamment par un projet de modification de la Constitution.
Si la situation sécuritaire s’est améliorée, l’activisme de groupes islamistes radicaux comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique s’est intensifié aux frontières du sud du pays.
Par ailleurs, des restrictions visant les importations et les investissements étrangers – dans le but de protéger l’économie du pays et de promouvoir les industries nationales – ont été introduites par la loi de finances complémentaire de 2009 et globalement reconduites depuis, en dépit de quelques assouplissements. Le cadre des affaires paraît donc désormais stabilisé, mais il est peu propice à l’expansion du secteur privé et des investissements étrangers, à quoi s’ajoute l’inefficacité du secteur bancaire.
Sur le même sujet
21/01/2013 - Medef : « Il n’est pas question que les entreprises françaises quittent l’Algérie…»
29/12/2012 - Le FMI se fait du souci pour l’Algérie
12/10/2012 - L’Algérie accorde une aide de 5 milliards $ au FMI
06/09/2012 - Gouvernement Sellal : les ministères stratégiques ne changent pas de titulaires
20/07/2012 - Chômage des jeunes : une bombe sociale en gestation en Afrique du Nord
27/02/2012 - Algérie : principaux indicateurs macroéconomiques 2011
27/10/2011 - Algérie : des réformes pour atteindre une croissance à deux chiffres
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.