(Agence Ecofin) - La banque centrale ougandaise a publié des données relatives aux performances des banques locales au cours du mois d'août. Le document fait ressortir une baisse en volume (-1,6%), de l'encours des prêts accordés à l'économie. C'est une première depuis 2008 et une contreperformance en comparaison à l'année 2015, où cet indicateur affichait une progression de 24,6%, pour un volume record d'avances faites de 11 147 milliards de shillings ougandais (3,2 milliards $).
Cette baisse des prêts à l'économie devrait entrainer, de fait, une baisse des revenus d'intérêts, ce qui le cas échéant pèsera sur la marge nette de ces banques. En effet, une synthèse du rapport financier des banques cotées sur le marché financier ougandais (Uganda Stock Exchange), fait ressortir que leurs produits nets bancaires sont en moyenne constitués à 60% des revenus d'intérêt, le reste collecté des autres transactions bancaires (frais sur service et revenus des placements).
Les banques ougandaises ont essayé d'investir leurs excédents de liquidités sur les bons du trésor du gouvernement ougandais. Mais la forte demande des investisseurs sur ces derniers font chuter les rendements. Le titre de référence d'une maturité de 182 jours, offrait à la fin août 2016, un rendement de 15,8%, contre 22,5% à la fin de l’année 2015.
A cette baisse des revenus sur les placements des titres obligataires, il faut ajouter une hausse des créances douteuses (dont le remboursement est rendu incertain). L'encours de ces derniers a progressé de 117% entre juin 2015 et juin 2016, passant respectivement de 416 millions de shillings ougandais, à 908 millions de shillings ougandais. Plus globalement, le ratio des créances douteuses sur le volume total des prêts a été de 8,5%, un niveau largement au-dessus de la moyenne de 3,4% sur les 7 dernières années.
Enfin, les banques ougandaises devront surveiller certains éléments de leurs bilans. Du côté des actifs, il ressort que 44% de l'encours des prêts octroyés au 31 août 2016, étaient concentrés chez des créanciers uniques, alors que, dans le même temps, les banques doivent gérer un encours important d'emprunts effectués en devises étrangères, ce qui les expose à un risque d'augmentation en cas de dépréciation du shilling.
Cette situation met plus de pression sur le gouvernement ougandais, pour améliorer l'environnement des affaires, et permettre la relance d'une économie elle aussi fragilisée par la baisse des prix des ressources naturelles et une politique fiscale peu adaptée. Sur le marché financier ougandais, les titres des trois principales banques cotées (Baroda Bank, Stanbic Bank et DFCU ont chuté depuis le premier janvier 2016
Idriss Linge