(Agence Ecofin) - Au Nigeria, la fermeture des frontières avec le Bénin ne sera pas efficace sur le long terme pour inciter les acteurs de la filière rizicole à l’augmentation de la production. C’est ce qu’a confié à l’Agence Ecofin, Philipp Heinrigs (photo), économiste au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest à l’OCDE. Cette mesure instaurée depuis le 20 août dernier par l’exécutif a pour objectif principal de juguler la contrebande de la céréale.
S’il va de soi que les réexportations de riz bon marché depuis le Bénin nuisent à la compétitivité de la denrée locale, la réalité est que la fermeture des frontières ne suffira pas pour parvenir à l’autosuffisance. Pointant du doigt les conséquences de la mesure sur les consommateurs, l’expert indique que c’est toute la chaîne de valeur du riz qui doit être intégrée dans la stratégie d’autosuffisance de l’exécutif.
« Il ne faut pas oublier que le producteur sait que la production n’est qu’un maillon d’une chaîne beaucoup plus longue. Après la production, il y a le séchage et les autres activités comme la transformation ou le transport qui se rajoutent au coût de la production. Ce n’est pas une politique de fermeture de frontières qui va inciter les transformateurs de riz à investir si le prix de l’électricité par exemple, reste élevé. Si on n’arrive pas à être productif sur les maillons en aval de la production, la production à elle seule ne suffira pas », souligne-t-il.
Pour le responsable, même si la production de riz du pays a progressé ces dernières années, il faudrait lier cela à la dévaluation de la monnaie locale (naira) qui a incité les exploitants à s’investir, étant donné des prix à l’importation élevés.
Pour rappel, la production de riz blanchi du Nigeria tourne autour de 4,7 millions de tonnes par an contre une consommation de 7,5 millions de tonnes, selon les données du Département américain de l’agriculture (USDA).
Espoir Olodo
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