(Agence Ecofin) - Le Président ivoirien Alassane Ouattara a procédé, ce mercredi, à la dissolution du gouvernement de Côte d’Ivoire composé essentiellement de membres de la coalition politique au pouvoir, à savoir le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Coalition qui regroupe un certain nombre de partis politiques dont le Rassemblement des Républicains (RDR) de l’actuel Président ivoirien et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dirigé par l’ancien Président Henri Konan Bédié.
Dans le même temps, Alassane Ouattara a reconduit sans surprise au poste de Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, connu pour être très proche du Président ivoirien. Avec pour mission de « proposer une équipe gouvernementale avec des personnalités issues du RHDP et de la Société civile ».
A noter que cette dissolution du gouvernement ivoirien intervient dans un contexte de tension au sein du RHDP sur la question de la création d’un « parti unifié » en prélude à la prochaine élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire.
Cher à Alassane Ouattara, ce projet de parti unifié dont le manifeste a été déjà signé par les responsables de plusieurs partis membres de la coalition du RHDP, devrait consacrer, à terme, la dissolution desdites formations politiques au sein d’une entité unique en vue des prochaines échéances présidentielles.
Toutefois, certaines réticences se sont fait jour, relativement à ce projet. Ainsi, réuni en congrès extraordinaire en avril dernier, l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI), un parti membre de cette coalition, a adressé une fin de non-recevoir à ce projet. Une décision qui a fortement déplu à Alassane Ouattara qui n’a pas manqué de proférer des menaces à peine voilées contre ce parti.
En effet, prenant la parole lors d’un congrès ordinaire de sa formation politique, le RDR, le 05 mai dernier, le Président ivoirien avait annoncé un remaniement ministériel « dans les semaines à venir ». Ajoutant que « l’un des partis (en parlant de l’UPCI : Ndrl) n’a pas souhaité adopté l’accord politique pour la création du parti unifié. C’est son droit et donc ne fera pas partie du prochain gouvernement RHDP qui comprendra tous les membres du RHDP, comme cela a été le cas par le passé ».
Cependant, un deuxième camouflet pour ce projet de parti unifié viendra, cette fois, du PDCI de Henri Konan Bédié. Lors d’une réunion de son bureau politique, le 17 juin dernier, le parti cinquantenaire de Côte d’Ivoire, héritage du défunt Président Félix Houphouët Boigny, et dont la majorité des militants semble assez hostile à l’idée de dissolution de leur formation, a décidé du report de l’adoption des textes portant création de ce « parti unifié » à après l’élection présidentielle de 2020. Election au cours de laquelle le PDCI souhaite « une alternance en faveur d’un cadre issu » de ses rangs en application d’un supposé accord entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara en 2015.
La question de ce « parti unifié » divise à tel point que, faute d’avoir eu gain de cause au niveau du bureau politique, un certain nombre de cadres du PDCI, conduits par le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, ont lancé hier mardi, un courant favorable à ce projet au sein de ce parti.
Ainsi, selon de nombreux analystes, la future équipe gouvernementale ivoirienne devrait faire la part belle aux partisans de ce projet de parti unifié dans la perspective de la prochaine élection présidentielle dans le pays.
Et celle-ci ne manquera pas d’être particulièrement animée au vu de certaines velléités de candidature au nombre desquelles l’actuel Président Alassane Ouattara pourrait bien figurer. Celui-ci ayant, depuis peu, laisser planer le doute sur une éventuelle candidature pour un troisième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire.
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