(Agence Ecofin) - L’entreprise italienne Gruppo Piccini, chargée de la construction du complexe sportif d’Olembé, constitué, entre autres, d’un stade de 60 000 places, a été notifiée, le 29 novembre 2019, de la décision n° 0253 résiliant son marché d’une valeur de 163 milliards de FCFA. Cette décision a été signée le même jour par le ministre des Sports et de l’Éducation physique, Narcisse Mouelle Kombi, maître d’ouvrage de ce chantier.
En réaction à cette décision, le président de Piccini, Makonnen Asmaron (photo), a publié un communiqué le lendemain. « En tout état de cause, il est de notre juste et légitime droit de communiquer que la décision du ministre est un acte administratif susceptible de tout recours approprié. Il va donc s’en dire qu’à défaut d’une annulation de cette décision dans les 72 heures, Gruppo Piccini fera valoir ses droits et entamera les procédures pour protéger ses intérêts sur le plan national et international », menace-t-il.
« Cette décision intervient alors même que les travaux se poursuivent sur le site, pour respecter les engagements mutuels pris en octobre 2019 à l’issue des réunions des 18 et 19 octobre 2019 dans le cabinet du ministre. Lors desdites réunions, le gouvernement camerounais, par la voix du ministre, maître d’ouvrage, nous a clairement et sans équivoque, instruit de prendre toutes les dispositions, pour une livraison des travaux CAF [Confédération africaine de football] du stade à la fin du mois d’avril 2020. Le ministre s’engageait en contrepartie, pour un accompagnement financier avec paiement des décomptes en urgence. Cet engagement qui n’a pas été et n’a jamais été honoré, malgré la démonstration de la bonne foi de l’entreprise qui s’est imposée un nouveau chronogramme pour l’exécution des travaux, avec la conséquence vérifiable d’une livraison effective du terrain de jeu en décembre 2019 au lieu de janvier 2020 comme il était convenu. », explique le groupe italien.
Par ailleurs, affirme Makonnen Asmaron, la décision du ministre des Sports intervient après confirmation des autorités camerounaises d’accompagnement du projet, en attendant les décomptes, par une garantie bancaire en vue de permettre à l’entreprise de refinancer l’accélération du projet. Elle fait également suite à la requête de prorogation des financements italiens à la date du 31 mars 2021, introduite par le gouvernement camerounais, le 7 novembre 2019.
Guerre des communiqués
Le même 30 octobre 2019, Narcisse Mouelle Kombi a publié un communiqué. Le membre du gouvernement martèle que sa décision a été prise au regard des « graves » défaillances de l’entreprise et de la violation de dispositions réglementaires et contractuelles. En outre, poursuit-il, la résiliation a été décidée suite au constat de l’impossibilité de Piccini de livrer l’infrastructure dans les délais requis, à cause d’une longue période d’arrêt unilatéral des travaux, suivie d’un abandon du chantier.
« Les mises en demeure adressées à l’entreprise Piccini en vue du redémarrage sans condition des travaux, conformément à ses obligations contractuelles, sont demeurées non concluantes, en dépit des termes précis d’une convention d’accompagnement ad hoc et d’un acte de cautionnement de l’État ayant permis à Piccini de bénéficier d’un prêt bancaire de confort de quatre milliards FCFA, destinés au financement des travaux restant à réaliser, ceci en plus des divers décomptes et avance exceptionnelle dûment payés à l’entreprise », affirme M. Mouelle Kombi.
Le ministre des Sports rassure néanmoins l’opinion que le gouvernement de la République du Cameroun a pris toutes les mesures appropriées, afin qu’une « entreprise internationale [Magil], à l’expertise et à l’expérience avérées, ayant fait ses preuves en matière de construction d’infrastructures sportives au Cameroun, reprenne immédiatement le chantier, pour son achèvement ».
« L’objectif visé est la livraison, dans les plus brefs délais, du complexe sportif d’Olembé, pour sa parfaite fonctionnalité et son entière disponibilité, dans l’optique de l’organisation de la CAN 2021 au Cameroun, conformément au cahier des charges de la CAF », conclut-il.
Sylvain Andzongo
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.