(Agence Ecofin) - Le rendement ou encore le gain net que les investisseurs sont prêts à accepter sur les eurobonds du Kenya, sont en baisse, principalement ceux émis en 2014.
A la fin de la semaine précédente, les données sur une tranche de l’emprunt international de 2014, montraient que les investisseurs étaient prêts à recevoir un rendement inférieur (4,5%) au taux d'intérêt initial (5,9%). Ce type de situation arrive lorsque le marché achète chaque obligation au dessus du prix d’émission.
Plusieurs raisons peuvent justifier cela. Déjà, la tranche concernée de l'eurobond de 2014 se rapproche de la maturité, notamment celle qui avait un délai de cinq ans. Le risque est donc minimum pour des investisseurs qui peuvent s'offrir un rendement de 4,5% sur une courte période.
Toutefois, la performance de cette tranche d'obligation souveraine cache l'existence d'un certain stress pour le trésor public kényan. On note en effet que sur ses eurobonds dont les maturités sont encore longues, le rendement pour les investisseurs est proche du taux d'intérêt initial, preuve d'une certaine prudence du marché quant aux perspectives à long terme.
Cette attitude réservée se confirme lorsqu'on sait que le gouvernement a manqué ses objectifs de mobilisation de recettes. Fin février 2019, le trésor public a déclaré avoir mobilisé 945,6 milliards de shillings. Un montant inférieur de 15,2% aux objectifs correspondants à cette période.
Le financement de ce déficit implique le choix entre deux options. Le gouvernement pourrait emprunter sur le marché monétaire local. Mais avec un taux de souscription aux titres publics de seulement 88,7%, des analystes kényans estiment que les nouvelles règles prudentielles plombent la capacité des banques à être actives sur le marché des emprunts à court terme.
Une option fortement envisagée serait d'emprunter de nouveau sur le marché international. La somme de 2,5 milliards $ est avancée par les observateurs avertis de l’économie du Kenya. Mais l’évolution du plus récent eurobond émis en 2018, et le fait que le FMI ait fait des commentaires sceptiques sur la dette du Kenya, risque de faire monter les taux.
L'économie kényane est actuellement présentée comme étant l'une des plus dynamiques d'Afrique subsaharienne. En 2018, le pays était le seul de la région dont la monnaie a repris du terrain sur le dollar américain. Mais les signes avant-coureurs de quelques défis se dessinent et devront être suivis de près.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.