(Agence Ecofin) - Jeudi 21 novembre 2019, l'ambiance était animée dans les couloirs de l'hôtel Hilton de Yaoundé, la capitale camerounaise où se déroule le sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac). Mais derrière les sourires et la sérénité affichés, se cachent de profondes divergences à la tête de l'exécutif de l'institution et ceux-ci subsistent depuis un certain temps.
Selon de solides sources auxquelles Agence Ecofin a eu accès, la vice-présidente de la Commission de la Cemac se sentirait écartée des missions qu'elle estime être légitimement les siennes. « Nous sommes à mi-mandat et le bilan des deux années des hautes charges que mon pays m'a fait l'honneur de me confier pour servir la Cemac à vos côtés, tend à se réduire aux blocages de toutes sortes de votre part », a fait savoir dans une note adressée au président de la Commission de la Cemac, madame Fatima Haram Acyl (photo).
Le vase aurait débordé, lors d'une récente réunion sur la préparation du budget de la Commission de la Cemac. La vice-présidente estime n'avoir pas été traitée avec le respect dû à son rang. « Cette réunion a consisté, selon vos habitudes, à me dénier devant tous les cadres, d'une part, la moindre autorité sur ces derniers, et d'autre part la coordination même des travaux d'élaboration du budget que vous m'avez librement confiée », a écrit celle qui, précédemment, était la Commissaire de l'Union africaine, en charge du Commerce et de l'Industrie.
Les personnes proches de la commission de la CEMAC se refusent à parler ouvertement de ce conflit. « C'est compliqué, car ce sont deux fortes personnalités », nous a confié un cadre sous le couvert de l'anonymat. Mais selon qu'on soit pour ou contre le président de la Commission, les arguments varient. Certains estiment qu'il a pris la tête de la Commission à un moment difficile et doit se montrer pragmatique. D'autres pensent que quelques abus sont commis, avec des conséquences négatives sur la gouvernance au sein de l'institution communautaire.
Bien au-delà de cette dispute de leadership, les chefs d'Etat de la Cemac qui sont désormais au courant de ce « problème » devront surtout se prononcer sur les attributions des rôles entre les deux personnalités. Aucun texte de la Cemac ne traite de la question des attributions de compétences entre les postes de président(e) et de vice-président(e). Mais de l'avis de madame Acyl, cette situation devrait présenter l'opportunité d'une collaboration forte et permanente, pour le plus grand intérêt de la Cemac.
Idriss Linge
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