(Agence Ecofin) - Une discrète bataille de position est en train de se dérouler dans le secteur de la monnaie électronique au Cameroun, dans l'attente du début effectif de l'interopérabilité des systèmes de paiement dans la sous-région. « Toutes les banques se sont déjà équipées de plateformes qui leurs permettront d’émettre leurs propres monnaies électroniques, interchangeables entre divers acteurs. », a confié a l'Agence Ecofin, une source proche du procesus.
Si des groupes comme Société Générale ont pris le devant avec le lancement au niveau africain (donc au Cameroun) de la plateforme de transactions via le mobiles YUP, les autres banques opérant au Cameroun n'en sont pas moins prêtes, mais n'ont pas encore communiqué sur leurs futurs produits, apprend-on.
Dans un autre registre, les groupes de téléphonie mobile Orange et MTN ont lancé leur MOWALI, une plateforme qui devrait gérer l'interopérabilité de transactions, entre ces deux grands acteurs du Mobile Money en Afrique. Nextell le troisième opérateur n'en est pas en reste. Il a lancé son service de Mobile Money dénommé Possa.
Mais globalement, il y a encore semble-t-il quelques réglages. La possibilité qui est offerte à chacun des acteurs d'avoir son propre système de création et de mise en circulation de monnaie électronique, est une volonté de la CEMAC d'accroître l'inclusion financière. Mais il faut encore qu'entrent en vigueur, deux autres règlements, qui viendront statuer sur les normes à respecter en termes de réserves et de statut pour les établissements de paiement.
Dans l'attente de ces ajustements, Orange semble être celui qui a le plus pris les devants. Comme son concurrent sud-africain, il permet de retirer de l'argent de son compte bancaire via un code tapé sur son téléphone, ou de transférer des unités de Mobile Money vers son compte bancaire.
Alors qu'ils avaient tous les deux débuté sur des frais fixes de 1000 FCFA par opération, MTN a glissé, et facture désormais chaque opération de retrait de son compte à au moins 1% du montant traité. Aucune campagne d'information n'a été faite pour expliquer ces changements de facturation.
Au-delà de l'infrastructure technique, la bataille de l'interopérabilité risque de se situer au-delà de l'efficacité, dans celle du prix des prestations. Tout dépendra donc de ce qu'exigeront en termes de redevance, aussi bien le GIMAC (Groupement Interbancaire Monétique d'Afrique Centrale) pour l’émission monétaire, que les régulateurs de télécommunication, pour ce qui est des infrastructures techniques.
Au Cameroun, rien que le transfert de monnaie électronique via des terminaux mobiles a représenté un marché de 1 500 milliards FCFA. A près de 1% les frais de retrait, on peut aisément comprendre le gros investissement effectué par l'ensemble des acteurs, pour tirer profit de l'interopérabilité devenue effective.
Idriss Ling
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