(Agence Ecofin) - En Ethiopie et en Egypte, la bataille pour les droits sur le Nil devient de plus en plus diplomatique et économique. Alors que les discussions entre les parties sur les modalités de détermination de l’impact du barrage Grande renaissance (6 450 MW), construit par l’Ethiopie, sur l’approvisionnement en eau de l’Egypte stagnent, les deux pays accélèrent les projets de raccordement devant leur permettre d’exporter de l’électricité vers leurs voisins, également traversés par le fleuve.
Ainsi, l’Ethiopie a récemment annoncé que les travaux de construction d’une ligne de transmission de 500 kV devant la relier au Kenya progressaient bien. Le projet aurait même atteint un taux d’achèvement de 95%, selon Azeb Asnake, la directrice d’Ethiopian Electric Power.
« Une fois achevée, la ligne de transmission est prévue pour acheminer de l’énergie vers la Tanzanie et les autres pays de l’Afrique de l’Est, par le biais du Kenya. A cause de la demande grandissante de nos voisins en matière d’énergie, nous procédons actuellement à l’installation de lignes électriques additionnelles au Soudan et à Djibouti. Des études complémentaires sont en cours à ce propos », a confié la responsable.
De son côté, l’Egypte planche actuellement, avec le Soudan, sur la feuille de route de la construction d’une ligne électrique de 220 kv reliant les deux pays. Selon Musa Omer Abul-Gasim, le sous-secrétaire soudanais du ministère de l’Energie, les études de faisabilité du projet sont achevées et les travaux de ce dernier devraient être finalisés en quatre mois.
Selon Osama Asran, le vice-ministre égyptien de l’Electricité et des Energies renouvelables, la mise en place de ces interconnexions électriques est très importante à cause de la croissance de la demande énergétique soudanaise. Elle permettra également de resserrer les liens fraternels entre les deux pays.
Autant de mouvements qui donnent le ton d’une situation qui apparemment n’évolue plus. Pendant ce temps, le barrage Grande Renaissance est achevé à près de 80%.
Rappelons que l’Egypte se situe en aval du Nil qui traverse également l’Ethiopie, l’Erythrée, le Soudan, le Soudan du Sud, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi, la République démocratique du Congo et le Kenya. Si pendant six décennies, Le Caire a pu disposer de 87% de la ressource hydraulique, en vertu de plusieurs traités coloniaux, depuis plusieurs années, les autres pays, l’Ethiopie en tête, affirment ne pas vouloir être contraints par un instrument juridique auquel ils n’ont pas été associés. Une tendance qui fait paniquer l’Egypte qui dépend entièrement du fleuve pour son approvisionnement en eau potable.
Gwladys Johnson Akinocho