Le Maroc compte sur le lancement du Mobile Money pour booster sa croissance

(Ecofin Hebdo) - Le segment des transactions financières électroniques connaîtra certainement un regain de croissance d’ici la fin d’année 2018 au Maroc. C’est du moins ce qu’espère Bank Al-Maghrib (BAM), la banque centrale du Maroc, qui a procédé au lancement du service de paiement mobile dans le pays le 13 novembre, en collaboration avec l’Autorité nationale de réglementation des télécommunications (ANRT).

L’institution financière nationale qui a bénéficié de l’expertise du groupement composé de BearingPoint, Atos et JohnsDay pour mener à terme ce projet engagé depuis trois ans, a délivré en tout onze agréments. Huit sont allés à des banques et organismes de transfert de fonds, parmi lesquels Banque Populaire, BMCE Bank, CIH Bank, Crédit agricole du Maroc, Wafacash, Société Générale, Maimouna Services financiers.

Les trois autres titres d’exploitation du service d’argent mobile ont été octroyés aux opérateurs télécoms Itissalat Al-Maghrib (Maroc Telecom), Orange et Inwi. Chaque opérateur a d’ailleurs déjà crée une filiale dédiée au paiement mobile, conformément à la loi. Maroc Telecom compte déployer son offre sous la marque Maroc Telecom Cash. Le groupe télécoms français Orange s’appuiera sur la renommée de sa marque Orange Money, largement connue en Afrique subsaharienne, tandis qu’Inwi se découvrira sous le nom de Wana Money. A travers de ces nouveaux outils de paiement électronique, interopérables de surcroît, les Marocains pourront effectuer des transferts de fonds nationaux de faibles montants entre particuliers, effectuer des achats dans le commerce de détail, acheter des recharges téléphoniques, régler des factures des services en réseau, entre autres.

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Bank Al Maghrib place de grands espoirs dans le Mobile Money.

 

Avec le Mobile Money, le gouvernement marocain voudrait rencontrer le franc succès que le service financier suscite actuellement au Ghana, en Tanzanie, au Rwanda ou encore au Kenya.

 

Inclusion financière

Dans le Mobile Money, Bank Al Maghrib a déjà placé de grands espoirs. La banque centrale y voit en effet l’atout qui permettra au pays d’intégrer les populations toujours non-bancarisées au système financier national. Dans son rapport de supervision bancaire de 2017, BAM estimait le taux de bancarisation du Maroc de 56%, sur une population de 35,74 millions de personnes. Ce niveau de bancarisation, assez élevé comparé à plusieurs pays d’Afrique, révélait cependant que près de 15 000 0000 de marocains continuaient de vivre en marge du système financier formel, en majorité les jeunes et les femmes.

Ce niveau de bancarisation, assez élevé comparé à plusieurs pays d’Afrique, révélait cependant que près de 15 000 0000 de marocains continuaient de vivre en marge du système financier formel, en majorité les jeunes et les femmes.

Le faible niveau de revenus de ces personnes non-bancarisées a été présenté comme l’un des obstacles à leur accès aux services financier. Or le Mobile Money qui accepte les transactions financières à faible valeur, a le pouvoir de tout changer. De plus, la technologie sur laquelle il est adossé, le mobile, est largement répandue dans le pays.

La BAM estime que le Mobile Money devrait supplanter le secteur financier informel d’ici 2020 et générer un flux de transactions pouvant atteindre une valeur totale de l’ordre de 400 milliards de dirhams par an.

Selon l’ANRT, le Maroc affichait un taux de pénétration de la téléphonie mobile de plus de 100%, pour 43 916 000 abonnés comptabilisés au terme de l’année 2017 et 44 027 000 clients enregistrés au 30 juin 2018. La BAM estime que le Mobile Money devrait supplanter le secteur financier informel d’ici 2020 et générer un flux de transactions pouvant atteindre une valeur totale de l’ordre de 400 milliards de dirhams par an.

 

Accélérer le Cashless

Le Mobile Money devrait également contribuer à accélérer le passage du pays à une économie sans cash. Le 3 mai dernier, lors de la deuxième édition du Mpay Forum Africa à Casablanca, Saloua Karkri-Belkeziz, la présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI), déplorait le fait que « 80% des transactions se font encore cash au Maroc. Cela ne garantit pas la transparence et participe à alimenter le secteur informel ».

« Aujourd’hui, le coût du cash, entre l’impression des billets et leur distribution, est estimé à 0,8% du PIB au Maroc. Au niveau mondial, ce chiffre est de 1,5%… »

Bien avant elle, Faissal Khdiri, CEO de M2M Group EMEA et administrateur de NAPS Maroc, soutenait déjà, lors de la 6e édition du Forum du paiement électronique en Afrique consacrée au Digital banking et à la Fintech, tenue du 22 au 23 février à Casablanca, que le Maroc doit passer à une économie cashless pour des raisons de coût d'abord.

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«Le cash est le mauvais cholestérol d’une économie. »

 

« Aujourd’hui, le coût du cash, entre l’impression des billets et leur distribution, est estimé à 0,8% du PIB au Maroc. Au niveau mondial, ce chiffre est de 1,5%… C’est l’une des grandes préoccupations de presque tout le monde», expliquait-t-il de souligner que «le cash est le mauvais cholestérol d’une économie, puisqu’il constitue un canal potentiel de financement du terrorisme ou de fraude fiscale…».

 

Susciter de nouveaux services

Comme c’est actuellement le cas dans plusieurs autres pays d’Afrique, le Mobile Money devrait apporter du dynamisme dans divers secteurs socio-économiques du Maroc. De nouveaux services, jusqu’alors inaccessibles aux petites bourses devraient faire leur apparition. Cela a été le cas de l’assurance mobile qui consiste à rendre accessible et générale la souscription d’une couverture d’assurance vie, santé, domicile… via le téléphone portable.

Au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Ghana ou encore au Kenya, une fois levé l’obstacle que représentait le compte bancaire, de nombreuses initiatives ont foisonné dans divers secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, etc.

Même le e-commerce devrait connaître un regain de croissance au Maroc avec le lancement du paiement mobile.

Même le e-commerce devrait connaître un regain de croissance au Maroc avec le lancement du paiement mobile. La commodité qu’offre la solution de paiement mobile est actuellement au cœur de la croissance du segment du commerce en ligne au Kenya.

Le Maroc pourrait rééditer l’expérience avec des plateformes comme Jumia qui font du m-commerce dans d’autres marchés. Selon le Centre monétique interbancaire (CMI), au 30 septembre 2018, le Maroc a enregistré 49,5 millions d’opérations de paiement en ligne par cartes bancaires, pour un montant global de 27,9 milliards de DH. Cette performance traduit une progression de +27,7% en nombre et +20,6% en montant par rapport à la même période en 2017.

Muriel Edjo

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