(Agence Ecofin) - Au Soudan du Sud, une fois le pétrole extrait et stocké, sa commercialisation sur le marché international est gérée par un groupe de trois personnes proches du président Kiir. L’information a été donnée par une source confidentielle des services de renseignement, qui s’est confiée à l’agence de presse SSNA.
La source a expliqué que ces trois hommes ont été choisis par le président en octobre dernier. Celui-ci leur a donné des pouvoirs illimités pour diriger la vente du pétrole. Or, la vente du pétrole doit normalement être assurée par les services compétents du ministère du Pétrole. Dans le cas d’espèce, le ministre du Pétrole, Ezekiel Lol Gatkuoth, est présenté comme une marionnette qui exécute les directives du groupe.
« Ce sont eux qui négocient et concluent les accords de vente du brut avec les firmes internationales et les gouvernements étrangers. Ils disent au ministère du Pétrole quoi faire. Ces gens fonctionnent comme une mafia », a déclaré la source qui ajoute que l’argent issu de la vente du pétrole tombe dans leurs mains avant d’aller dans les caisses publiques.
Un vaste système opaque dans lequel les compagnies internationales opérant dans le pays sont indexées. « Je peux aussi dire que toutes les compagnies pétrolières étrangères font plus confiance à ces trois personnes qu'à notre ministère du Pétrole. Ce qui est troublant, c'est le fait qu'ils collectent généralement d'énormes prêts auprès des compagnies pétrolières en échange de la vente de pétrole », a-t-elle poursuivi.
La semaine dernière, par exemple, le FMI a averti Juba que l’accumulation des prêts garantis par le pétrole menace les efforts de relance économique et de retour à la paix. L’institution a indiqué que ces prêts sont généralement conclus « sans transparence », ce qui empêche le gouvernement d’effectuer les dépenses nécessaires pour maintenir l’économie à flot. Entre autres, les fonctionnaires ne reçoivent plus leurs salaires depuis plusieurs mois.
Depuis 2011, le Soudan du Sud n’a de cesse de multiplier les prêts pétroliers conclus dans des conditions opaques. Par ailleurs, il y a deux ans, un rapport du Comité parlementaire responsable de la planification financière et économique a révélé que les revenus tirés de la vente du pétrole ne sont pas stockés à la Banque centrale. Le gouvernement avait alors été appelé à s’expliquer sur la question, mais rien n’y fit.
Si rien n’est clair à ce propos, on soupçonne de nombreux acheteurs du brut sud-soudanais de verser l’argent de la vente du pétrole dans des comptes détenus par des personnes physiques.
Des documents obtenus récemment par Associated Press montrent que le Comité chargé de superviser la mise en œuvre de la paix a approuvé au moins 185 millions de dollars de prêts pétroliers. L’argent a essentiellement été dépensé en achats de voitures.
Olivier de Souza