(Agence Ecofin) - La dernière sortie de la Banque ouest-africaine de développement a sans aucun doute été couronnée d'un gros succès. En plus d'obtenir un délai de remboursement long (12 ans), l'institution a obtenu des investisseurs internationaux, un taux d'intérêt de 4,7%, alors que certaines prévisions des analystes estimaient un niveau situé autour des 5%.
Pour bien comprendre cette performance, il faut rappeler que la BOAD lors de son dernier eurobond avait, il y a deux ans et quelques mois, en juillet 2017, obtenu 750 millions de dollars remboursables au bout de 10 ans avec un taux de 5,2%. La solidité de l'institution y est pour beaucoup et semble avoir retenu l'attention des investisseurs. A titre d'exemple, elle a exécuté presque totalement les grandes lignes de son précédent plan stratégique qui s'achève en cette année 2019.
Elle a aussi accru son bilan de près de 44% depuis 2015 et est entrée dans une importante phase de consolidation. On note par ailleurs qu'une part importante de ses interventions a été faite dans des pays qui affichent une solide perspective de croissance selon le Fonds monétaire international, notamment la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Enfin, elle a également soutenu des économies qui affichent de solides performances en termes de réformes dans l'environnement des affaires, comme le Togo.
La BOAD avait donc de quoi plaire et a su profiter d'un marché international de la dette qui recherche activement des placements offrant de bons rendements. Il faut dire que les emprunts des Etats et d'autres entités publiques d'Afrique subsaharienne se sont faits rares sur les marchés des capitaux. L’année 2018, marquée par le creusement des balances courantes et la pression des partenaires multilatéraux pour moins d'endettements commerciaux, a découragé plusieurs initiatives.
Avant la BOAD, le gouvernement sud-africain a réalisé le plus important eurobond de son histoire, en mobilisant 5 milliards $ en deux tranches, avec des maturités de 10 ans et 30 ans, aux taux d'intérêt respectifs de 4,8% et 5,7%. Bien que cherchant à limiter son exposition à la dette internationale, la Côte d'Ivoire s'y est quand même retrouvée le 10 octobre dernier, en mobilisant 300 millions d'euros.
Rappelons que le recours des entités africaines à la dette, qu'elles soient publiques ou privées, a fortement baissé sur les 9 premiers mois de l'année 2019. Selon des données de synthèse fournies par Refinitiv, la branche en charge des données du groupe médiatique Reuters, l'Afrique subsaharienne n'a mobilisé que 19,3 milliards $ sur le marché de la dette au cours des 9 premiers mois de cette année. Ce chiffre est en baisse de 33% comparé à celui de la même période en 2018.
Idriss Linge
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