(Agence Ecofin) - Le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, a indiqué, le 3 novembre, que l'Etat algérien ferait valoir son droit de préemption sur la société de fabrication de pneumatiques Michelin-Algérie reprise récemment par le groupe privé algérien Cevital.
Le ministre algérien du Développement industriel, Amara Benyounes, a affirmé, de son côté, que l'Etat pouvait exercer son droit de préemption en raison du coût très bas de la transaction entre Michelin et le groupe privé Cevital. Les deux parties ont fixé le montant de la transaction concernant le terrain de près de 15 hectares qui abritait l'usine Michelin-Algérie à Bachdjarrah (Alger) à 1,7 milliard de dinars (15,7 millions d'euros), selon M. Benyounes. Le ministre a estimé que ce prix était « bien loin de la réalité du marché ».
«Rien que le m2 du foncier vaut 15 fois plus», a confirmé le député et membre de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Smail Kouadria, qui a suivi ce dossier. M. Kouadria a affirmé que le ministère algérien de l'Industrie avait déjà envoyé le 4 septembre un courrier à Michelin, l'informant que l'Etat avait décidé de faire valoir son droit de préemption.
Interrogé à Paris par l'AFP, le groupe Michelin s'est refusé à tout commentaire.
L'exercice par l'Etat du droit de préemption est prévu par la Loi de finances complémentaire de 2009 (LFC) selon laquelle «l'Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d'un droit de préemption sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers».
En juin, le géant français du pneumatique avait annoncé son intention de céder ses activités en Algérie à Cevital et de restructurer sa branche poids lourds en France. Il avait précisé qu'il cèderait dans un premier temps 67% de ses activités en Algérie à Cevital, puis à terme, 100%. Le groupe français arrêtera de fait la production de pneus pour poids lourds dans son usine d'Alger fin 2013.
Le ministre Djoudi, cité par l'agence APS, a expliqué que «l'enjeu (derrière la décision de l'Etat algérien) est l'immobilier: nous allons pratiquer le droit de préemption pour récupérer les terrains, en vue d'y effectuer nombre d'investissements».
Selon le député Kouadria, cette démarche s'inscrit dans le cadre de l'accélération des investissements productifs et de la relance de l'industrie dans le pays. D'après lui, fermer ce site à quelques mois du démarrage de l'usine Renault en Algérie «n'a pas de sens». «Le personnel de l'usine, dont 400 salariés sur 600 ont été licenciés, a un savoir-faire. L'Etat va préserver l'activité en faisant appel à un autre fabriquant», a ajouté M. Kouadria.
Le député a précisé qu'au travers d'une opération de réhabilitation, l'usine peut devenir une entreprise de sous-traitance à même de fabriquer des pneus pour les voitures de Renault qui sortiront du site d'Oran (ouest) dès 2014.
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