(Agence Ecofin) - La décision prise par la Federal Reserve américaine de sursoir à une hausse de ses taux directeurs, n'a pas fait l'objet d'une grosse couverture de la part des médias basés en Afrique. Pourtant, deux pays de la région sont directement exposés par cette décision.
Il s'agit principalement de l'Afrique du Sud et de l'Egypte, qui figurent sur la liste des investisseurs relativement importants en obligations émises par le gouvernement américain.
Des données collectées par l'Agence Ecofin indiquent que les deux pays ont agi différemment avec ces investissements au cours de l'année 2018. L’Afrique du Sud a réduit son exposition à la dette de l'oncle Sam de près de 15,1 milliards $ entre janvier et décembre 2018, tandis que, sur la même période, le pays du président Abdel Fatah El Sissi qui a maille à partir avec son propre équilibre extérieur, a augmenté son exposition aux US Bonds de 7,1 milliards $.
La décision de la FED de maintenir des taux d'intervention à leur niveau actuel, avec une faible perspective quant aux nouvelles hausses, indique clairement que les pertes d'opportunités de gains sur ces placements seront importantes pour les détenteurs de ces titres. Il est difficile de dire si l'Afrique du Sud a suivi un mouvement d'ensemble dans le groupe des pays désignés sous l’appellation de BRICS (Brésil, Russie Inde, Chine, Afrique du sud). Mais ce qu'on note, c'est que, Russie en tête avec un désinvestissement de 83,7 milliards $, les autres pays des BRICS qui ont nettement réduit le poids de la dette américaine dans la gestion de leurs réserves de change. On retrouve ainsi la Chine (-44,7 milliards $) et l'Inde (-7,3 milliards $). Seul le Brésil fait route à part, en s’offrant pour plus de 34 milliards $ supplémentaires de titres obligataires du gouvernement américain.
Le rapport 2018/2019 de la banque centrale égyptienne permettra d'avoir une meilleure vue des arbitrages qui ont conduit à ces choix de placements malheureux.
Rappelons que des institutions comme Afrexim Bank et même la Banque Africaine de Développement, encourage de plus en plus les Etats africains à investir sur les obligations qu'elles émettent, afin de mobiliser de la ressource, pour financer le développement du continent.
Selon le rapport annuel 2018 d'Afrexim Bank, le montant total des réserves de changes des pays africains atteignait les 417 milliards $ à la fin 2017 et autorisait pour chaque pays une moyenne de 7,3 mois d'importations.
Idriss Linge
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