(Agence Ecofin) - Pour Cyril Ramaphosa (photo), les récentes élections générales, dont celle qui l'a confirmé à son poste de président de la République d'Afrique du Sud, sont désormais loin derrière. L'heure est venue de faire preuve de pragmatisme politique. Son discours à la nation, prononcé devant le parlement, a donné l'occasion d'en percevoir quelques aspects.
Le débat sur Eskom, le conglomérat public en charge de la distribution d'électricité, semble désormais clos. L'entreprise, sur les prochaines années, recevra une part importante des 230 milliards de rands (16 milliards $) d'appuis budgétaires qui sont prévus pour elle. « Si Eskom n'honorait pas les engagements sur sa dette, cela provoquerait un effet de contagion plus important », a expliqué M. Ramaphosa.
Un deuxième point de distanciation est le statut de la Banque centrale. L’aile dure de l'ANC, le parti au pouvoir, souhaitait que soient modifiés les rôles de l'institution d'émission de la monnaie et du contrôle du marché monétaire.
Un des souhaits formulés était que la South Africa Reserve bank soit désormais en mesure, au delà de la régulation de l'inflation, de recourir à des moyens. Cela permettrait, selon leurs calculs, de donner plus de moyens de paiement aux secteurs productifs, de sorte à créer plus d'emplois. Une situation qui profiterait aux nombreuses populations noires du pays.
Ramaphosa était resté bien silencieux sur le sujet mais, face aux députés, il a confirmé son attachement aux missions actuelles de la Banque centrale. « La SA Reserve Bank est une institution essentielle de notre démocratie [...] Pour ces raisons, notre Constitution donne mandat à la Banque centrale de protéger la valeur de notre monnaie, dans l'intérêt d'une croissance équilibrée et durable », a-t-il fait savoir.
Pour calmer l'aile dure des revendications sur la Banque centrale, il a demandé au gouverneur de cette dernière de consulter très souvent le ministre des Finances aux fins d'harmoniser les décisions de politique monétaire avec les réalités et contraintes macroéconomiques, notamment en rapport avec l'emploi.
Un autre des importants points d'avant les élections était la redistribution des terres qui seraient reprises à des fermiers blancs. Cyril Ramaphosa parle désormais d'une distribution de terres publiques et d'un appui qui pourra atteindre les 4 milliards de rands.
L'Afrique du Sud traverse de nouveaux moments difficiles, dans un contexte marqué par le repli des emplois, du fait des défis que connaît le secteur minier. Le produit intérieur brut du premier trimestre a baissé de 3,2% et les perspectives ne sont pas beaucoup plus positives.
Pour l'instant, le marché financier de Johannesburg semble assez serein avec l'évolution actuelle des choses au sein de l'économie sud-africaine. Le FTSE/JSE top 40, l'indice qui regroupe les 40 entreprises les plus valorisées du Johannesburg Stock Exchange, affiche une solide progression de 13,4%, depuis le premier janvier 2019. Mais on notera que si sa plus forte baisse journalière n'a jamais été en deçà des -3,4%, sa plus forte progression sur une séance n'a jamais dépassé les 2,7%, sur la période.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »