Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Ecofin Finance
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Monnaie unique de la CEDEAO : pourquoi le big-bang monétaire de 2020 ne peut prospérer

  • Date de création: 03 novembre 2017 10:15

(Agence Ecofin) - Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a espéré que le projet de monnaie unique de la CEDEAO, l’Eco, se mette en place rapidement, à l’occasion du sommet des chefs d’Etat de cette sous-région, qui s’y est récemment tenu à Niamey. 

Volontariste, le chef de l’Etat nigérien a proposé la mise en circulation de l’Eco à partir de 2020 au sein des pays qui sont « techniquement prêts », suivant processus européen qui a conduit à l'Euro. L'adhésion des autres Etats se ferait alors progressivement. Une proposition reprise dans le communiqué final, traduisant ainsi, de nouveau, une volonté d’aboutissement du projet. 

Mais une chose que le président du Niger n’a pas expliqué clairement, c’est ce qu’il entendait par « Pays techniquement prêts ». La construction d’une monnaie unique dans la CEDEAO est assez complexe, car il s’agit ici, de regrouper 7 monnaies nationales autonomes et une monnaie commune utilisée par huit pays, dont la deuxième puissance économique de la sous-région (Côte d’Ivoire). 

A la lecture de nombreuses analyses et expertises développées sur la création de zones monétaires uniques, notamment la zone Euro invoquée par le président Issoufou, il est assez difficile de voir un seul pays qui sera prêt pour la date butoir de 2020. 

Les leçons apprises de la zone Euro 

La zone Euro renseigne sur quelques éléments déterminants dans la mise en place d’une monnaie commune et, de fait, la convergence économique n’est pas le premier pilier fondamental. Pour preuve, malgré leurs appartenances à une même zone monétaire (Franc CFA), les pays de l’UEMOA ne sont pas forcément convergents sur tous les aspects macroéconomiques. 

D'autres leçons apprises de la zone Euro, viennent mettre en doute la faisabilité du rendez-vous de 2020.  Pour se lancer dans la monnaie unique, les Européens ont eu besoin de deux leaders forts, en l’occurrence le duo France-Allemagne, et surtout l’Allemagne, véritable leader économique de la zone. Elle avait besoin du marché et d’une monnaie unique pour se relancer. En contrepartie, elle apportait une certaine garantie de stabilité monétaire à des pays moins solides. 

Une telle configuration existe en Afrique de l’ouest avec le Nigéria, mais ce dernier semble ne pas vouloir assumer ce rôle. Au terme du sommet de Niamey, le président Buhari a affiché sa réserve sur intégration accélérée des monnaies. On peut comprendre pourquoi :

Si la CEDEAO, et plus particulièrement l’Union Economique et monétaire Ouest africaine, sont d’importants marchés pour ce pays, absorbant près de 2 milliards $ de ses exportations, ce volume des échanges reste très proche de la relation économique avec l’Afrique du sud toute seule (1,9 milliard $) et très faible en comparaison aux exportations globales du Nigéria en 2016 (35,8 milliards $).

C’est tout le contraire de l’Allemagne qui, au moment des discussions sur une zone monétaire européenne, exportait déjà l’essentiel de ses produits sur le marché européen.

Par ailleurs, la Côte d’Ivoire exporte plus dans la CEDEAO (2,8 milliards $ en 2016) qui est son principal marché africain, mais avec des exportations totales qui, à la fin 2016, ont représenté seulement 11,3 milliards $, l’économie ivoirienne reste assez modeste, comparée à celle du Nigéria.

L'autre enseignement qu’on apprend de la zone Euro, c’est que, même si les économies ne sont pas convergentes, elles doivent être suffisamment complémentaires, afin de permettre l’accomplissement de projets communs, qui seront le premier socle de financement de la monnaie unique. En Europe, il y avait notamment la Politique Agricole Commune et d’autres projets communautaires importants, comme Airbus, par exemple. Toute chose qu'on ne retrouve pas encore dans la CEDEAO.

Des éléments techniques essentiels non encore accomplis 

Les autres éléments qui permettent d’être réservé sur la possibilité d’un lancement de la monnaie unique en 2020, sont d’ordre purement technique. Jusqu’ici, les discussions semblent être portées par les pouvoirs exécutifs, notamment les ministres et les chefs d’Etats. Le point de vue des banques centrales n’est pas clairement exprimé, alors que dans le cadre d’une union monétaire, harmoniser les politiques monétaires s’avère essentiel. 

De ce fait, on aurait, selon certains experts (notamment de la Banque Africaine de Développement), déjà dû avoir un projet de politique monétaire commune (gestion des réserves de change et gestion de la liquidité) qui fasse déjà l’objet d’une évaluation dans chaque pays concerné. A cela, on ajoutera le fait que le traité instituant le projet l’union monétaire entre les pays membres de la CEDEAO et sa ratification dans tous les pays membres n’est pas encore effectif. 

Enfin l’élaboration, l’adoption et la ratification des statuts de la future Banque centrale de la CEDEAO dans tous les pays membres restent à réaliser. On voit donc mal comment le big-bang monétaire préconisé par le président du Niger pourrait se faire, si ce n’est à titre symbolique.

Peut-être un espoir pourrait venir du Maroc. Le royaume est fortement ancré dans les économies, notamment de l’UEMOA, et pourrait en tandem avec la Côte d’Ivoire, constituer le binôme moteur, compensant les hésitations du Nigéria. 

Mais le Maroc joue sa propre carte, en cherchant précisément des débouchés pour accroître sa production et réduire les inégalités au sein de son économie, via l'amélioration des chiffres de l'emploi. Même si le Roi Mohammed VI souhaite sincèrement établir des relations gagnant-gagnant, les récents chiffres de l'excédent commercial du Maroc sur les pays de la CEDEAO montrent bien que son intérêt est d'abord économique, alors que l'Eco est avant tout un projet politique. 

Idriss Linge  

Lire aussi

30/10/2017 - Possible arrimage de la future monnaie de la Cedeao à l’euro

27/10/2017 - Le Nigeria est parti pour freiner la mise en place de la monnaie unique de la Cédeao

25/10/2017 - Monnaie unique de la CEDEAO : Mahamadou Issoufou veut déjà avancer avec les pays qui sont prêts

01/09/2017 - Reçu à l’Elysée, Alassane Ouattara plaide pour une zone FCFA étendue à la CEDEAO



 
GESTION PUBLIQUE

La Belgique appelle la RDC à porter plainte contre le Rwanda à la Cour Internationale de Justice

Lutte contre le terrorisme : les dirigeants africains explorent des stratégies efficientes

La procédure de liquidation d’une société d’assurance au centre d’une rencontre régionale à Lomé

Le Nigeria cherche à obtenir jusqu'à 2,25 milliards $ de prêts de la Banque mondiale

 
AGRO

Maroc : le groupe OCP veut lever 2 milliards $ pour financer le développement de ses activités

Le Cameroun signe un accord de 2,7 millions $ avec la FAO pour soutenir les petits exploitants agricoles

Nestlé répond aux accusations sur le sucre ajouté dans ses produits infantiles destinés aux pays pauvres

Ghana : le gouvernement annonce un investissement de 60 millions $ dans la filière anacarde

 
MINES

Nigeria : Bola Tinubu dénonce l’exploitation minière illégale comme source de financement des groupes terroristes

La Tanzanie augmente ses chances de trouver des gisements de graphite en octroyant de nouvelles licences d’exploration

RDC : l’État suspend la licence d’une mine du chinois Zijin alors que le cuivre approche la barre de 10 000 dollars

Les stocks élevés de diamants incitent De Beers à réduire ses prévisions de production pour 2024

 
TELECOM

En 2023, le Bénin comptait 16,3 millions de SIM pour 8,5 millions d’abonnés mobiles uniques (rapport)

Le Ghana milite pour la préférence locale en matière de contenus et compétences numériques

L’ARTCI communique la liste des entreprises habilitées à fournir des services postaux en Côte d’Ivoire

Le Nigeria réfléchit à des mesures qui criminalisent les dommages causés aux infrastructures de fibre optique

 
TRANSPORT

Aéroport de Marrakech : l’office national des aéroports s'apprête à lancer les travaux de modernisation

La Libye et le Qatar mettent à jour de vieux accords aériens pour la reprise de vols directs

Transport fluviomaritime : l’Équato-Guinéen Viteoca ouvre une ligne entre Malabo et Douala

Galison Manufacturing prépare la livraison de 50 nouveaux wagons pour les convois de minerai sur les corridors Zambie - RDC

 
ENTREPRENDRE

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

Ouverture des candidatures pour le 14e Prix Orange de l’Entreprenariat Social en Côte d’Ivoire (POESCI)

AFAWA Finance Togo: BAD et AGF dynamisent l'accès au financement pour femmes entrepreneures

 
ECHO

UEMOA : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

Cameroun : importations de véhicules en 2022

Le caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire

 
FORMATION

Un programme de formation sur le développement durable destiné aux enseignants en Afrique

Burkina Faso : le projet de formation professionnelle dès le cycle primaire se précise

Projet Better Education for Africa's Rise : la troisième phase cible l’Afrique de l’Ouest

Le Japon ouvre les candidatures 2025 de son programme de bourses aux étudiants étrangers

 
COMM

Meta introduit son IA en Afrique subsaharienne dans ses messageries privées

Ghana : une ONG va accompagner le gouvernement du Ghana dans son soutien au médias indépendants

YouTube teste un onglet "Les plus pertinents" pour les abonnements

Côte d’Ivoire : le cinéma du groupe Pathé sera inauguré le 24 avril