(Agence Ecofin) - MTN Group, le leader de la téléphonie mobile en Afrique subsaharienne de par le nombre des abonnées, fait partie des entreprises sud-africaines, dont la rentabilité pour les investisseurs est menacée par les risques de change, a-t-on appris de sources cohérentes.
L'entreprise à laquelle les autorités nigérianes exigent un remboursement de la somme cumulée de 10,1 milliards $ (dont 8 solidairement avec 4 banques nigérianes) a annoncé pour les 6 premiers mois de l'année 2018, un chiffre d'affaires et un excédent brut d'exploitation, en hausse respective de 9,7% et 17%, comparés à ceux de la même période en 2017.
Mais elle a précisé que cette progression était effective, lorsqu'on prenait pour base de calcul, un taux de change constant depuis la fin du premier semestre 2017. Au taux de change du 30 juin 2018, son chiffre d'affaires consolidés recule de 3,1% et son excédent brut d'exploitation ne progresse plus que de 2,1%.
D'un point de vue purement comptable, cette situation est loin d'être banale. L'expansion du groupe de télécommunication est aujourd'hui telle que l'Afrique du Sud ne lui procure plus que le tiers de ses revenus. Ainsi, si le reste de ses filiales (majoritairement en Afrique) pèsent lourd dans son portefeuille, elles sont aussi à l'origine de son exposition à de gros risque de change.
Selon les estimations de l'Agence de notation Moody's, la dette consolidée du groupe représente désormais 3,1 fois son excédent brut d'exploitation. Mais les choses pourraient rapidement évoluer. MTN a en effet annoncé la finalisation de la cession de sa filiale à Chypre et la réussite de son offre publique initiale au Ghana. Des événements qui devraient générer des revenus exceptionnels, et réduire le poids de la dette sur les fonds propres.
Mais la pression à la baisse que connaît le rand sud-africain (sa devise de consolidation) par rapport au dollar américain, continue d'être une préoccupation. Selon l'International Institute of Finance et d'autres analyses concordanes, cette tendance baissière devrait se maintenir sur la monnaie sud-africaine qui a déjà perdu 11% depuis le début de l'année. Plombant ainsi le rendement pour les investisseurs sud-africains de MTN.
Idriss Linge
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