(Agence Ecofin) - Les dernières évolutions au Nigéria impliquant le groupe de télécommunication sud-africain MTN, alimentent l'idée selon laquelle l’opérateur sud-africain serait victime d’une cabale. Cet avis, partagé par une partie de l'opinion publique en Afrique du Sud, a d'ailleurs conduit à des actes isolés de xénophobie à l'encontre des Nigérians d'Afrique sud, apprend-on de sources médiatiques locales.
En moins de deux ans, l'opérateur de téléphonie mobile a été condamné à payer plus de 15 milliards $. La première sanction au sujet d'abonnés non enregistrés avait été réduite à de 5 à 1 milliard $ mais avec l'obligation d'introduire une partie de sa filiale nigérianne à la bourse de Lagos. Alors que le processus est en cours, les autorités de la première économie d'Afrique en terme de PIB, revendiquent successivement à MTN 8,1 milliards $ de dividendes transférés illégalement et 2 milliards $ d’arriérés d’impôts et taxes.
Cette affaire vient en rappeler quelques unes, qui s'apparenterait à des actes de découragement. Dans le secteur des télécommunications toujours, l'opérateur Etissalat dont la filiale nigériane était assez importante, a quitté le pays, n'ayant pas pu trouver un accord sur les défis qu’il rencontrait.
Le groupe hôtelier Sun International est lui aussi en train de quitter le Nigéria, faute de trouver un accord avec le régulateur et ses actionnaire locaux. Ce faisant, il suivrait ainsi les traces du géant sud-africain de la grande distribution Woolworth, et du géant de l'agro-industrie Tiger Brands, qui ont tous quitté le Nigéria au cours des trois dernières années.
De l'avis de certains analystes, l'environnement des affaires peut être très difficile pour des investisseurs étrangers. La firme de private equity Milost Global, qui est basée à New York, en a fait les frais en 2017. Une opération qu'elle assure avoir menée dans le respect des règles, en vue de l'acquisition d'une banque, a viré au conflit à grand renfort d’articles de presse très orientés.
La question aujourd'hui est de savoir qui bénéficierait d'un départ du groupe MTN? Il est difficile de se prononcer avec autorité sur ce point. Mais logiquement, le vide profiterait au No 2 du marché de la téléphonie mobile au Nigéria, qui n'est autre que Global Telecom.
Son patron, le très discret Mike Adenuga est la deuxième fortune du pays derrière Aliko Dangote. Il a bati son empire dans un mélange d'opportunisme et de fermeté. Son entreprise Glo n'éprouve aucun complexe, à côtoyer localement la concurrence internationale en terme de services de télécommunication.
Toutefois, au-delà de la polémique, on ne peut occulter le fait que des multinationales profitant des faibles capacités dans les pays en développement, notamment ceux d’Afrique, y développent parfois des pratiques qui leur permet d’échapper à la loi. Dans le cas du Nigéria, la justice dit avoir été interpellée par un lanceur d’alerte.
MTN Group a promis de se battre et annonce avoir engagé des discussions avec les autorités nigérianes. Dans l’affaire des dividendes présumés rapatriés illégalement, les banques co-accusées sont aussi en train d’engager la discussion. En attendant, les investisseurs sont démotivés sur le Johannesburg Stock Exchange. Après avoir plongé de 17,4% mardi 4 septembre, son action a débuté sur une hausse très fébrile ce mercredi 5 septembre.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »