(Agence Ecofin) - L'économie du Burkina Faso continue de s'adapter aux défis que connaît le pays, avec des actes sporadiques de terrorisme. Dans la capitale Ouagadougou, la célèbre rue Kwame Nkrumah apparaît vide, même les week-ends. On peut observer une présence discrète des forces de sécurité, mais cela ne semble pas suffisant à rassurer tout le monde
« Depuis la dernière attaque, les gens ont peur de venir ici. Si vous voyez autour de nous, il y a un hôtel qui a fermé et ce n'est vraiment plus l'affluence des grands jours », nous a confié un des travailleurs d'un point de consommation de boisson présent sur l'avenue. Des hôtels situés autour de la zone confient aussi que leurs chiffres d'affaires ont baissé et que les taux de fréquentation sont faibles.
Mais cela ne veut pas dire que la capitale du Burkina Faso a cessé de vivre. Dans les quartiers, à l'intérieur de ce qu'on appelle les « 6 mètres », la vie continue à l’intérieur des « maquis discrets ». Ces points de consommation n'ont très souvent pas d'enseignes et ne sont connus que des habitués. Aussi, de nombreux points de distraction sont ouverts dans des nouveaux quartiers, comme le « sortie-est », et accueillent les personnes dans des cadres jugés moins risqués.
La même dynamique s'observe dans le secteur du logement pour voyageurs. Les clients ayant disparu des hôtels conventionnels logent désormais dans des maisons d'hôtes qui offrent, en plus des services hôteliers, la discrétion et la sécurité dont ont besoin certains touristes.
« Beaucoup de gens préfèrent ce type d'endroit très convivial et surtout discret et nous, nous sommes là pour satisfaire désormais à ce type d'exigences », nous a confié le gérant d'un de ces établissements, sous le couvert de l'anonymat.
Ce qu'on apprend dans les discussions avec les personnes dans la ville de Ouagadougou, c'est que l'insécurité gagne du terrain dans les esprits. Le revers subi par l'armée en mars 2018, lorsqu’une attaque djihadiste avait atteint son état-major général, situé au centre-ville, et faisant huit morts, est encore frais dans les mémoires des Ouagalais.
Malgré cette ambiance, l'humour burkinabè demeure. « On va faire comment ? On est déjà né, on va seulement vivre jusqu'à la fin », a fait savoir avec beaucoup de stoïcisme, un habitant rencontré dans la ville. Au niveau diplomatique et étatique, les actions se poursuivent pour trouver des solutions à ce problème.
Le président Roch Marc Kabore a d'ailleurs rencontré ses homologues du G5 Sahel, pour des discussions à ce sujet. Mais certains observateurs sont sceptiques. De leur point de vue, seules des solutions économiques d'envergure pourraient faire reculer ce problème. De ce point de vue, et malgré de nombreuses avancées, le Burkina Faso devra encore fournir beaucoup d’efforts.
Idriss Linge à Ouagadougou
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