(Agence Ecofin) - L’agence de notation internationale Standard & Poor’s (S&P) a publié la semaine dernière, un nouveau rapport attribuant une note B+/B au Bénin. Cette nouvelle note qui traduit une légère progression par rapport à la note B/B accordée au pays en 2012, serait principalement due aux réformes économiques initiées par le gouvernement du président Patrice Talon.
Les auteurs du rapport indiquent que « l’approche proactive » du gouvernement en place, pour améliorer le climat des affaires et renforcer la gouvernance publique a été le principal facteur expliquant cette nouvelle notation.
Ainsi, la mise en place d’une politique de privatisation de la gestion des principaux poumons de l’économie, à savoir le secteur cotonnier et le port autonome de Cotonou (dont la gestion est confiée depuis quelques mois au port belge d’Anvers, NDLR), permet de tabler sur des perspectives plutôt optimistes pour le pays. Le dynamisme économique, dont font montre ces secteurs clés, depuis quelques années, devrait en être renforcé ; ce qui, couplé à une hausse des investissements publics et privés, devrait engendrer une croissance économique de 6,3% entre 2018 et 2021.
Cependant, s’il est vrai que cette note reste incontestablement un progrès, il n’en est pas moins vrai que les plus grandes difficultés économiques du Bénin sont loin d’avoir été réglées, le pays restant toujours dans la catégorie « très spéculative » de la fiche de notation S&P. Selon l’agence, plusieurs facteurs pourraient d’ailleurs constituer un frein à la croissance et au développement tant espéré par le pays ouest-africain.
Ainsi, la dépendance de l’économie du pays au secteur cotonnier l’expose aux fluctuations de ses cours ainsi qu’aux aléas climatiques, très susceptibles d’avoir des répercussions sur les perspectives de croissance. De plus, le secteur énergétique, malgré les améliorations progressives qu’il a enregistrées, reste encore loin de satisfaire les standards nécessaires pour ne plus représenter une menace pour le dynamisme économique du pays, et nécessite des investissements continus, dans le sillage de celles entreprises par le gouvernement en place.
Enfin, les « exigences sociales élevées » auxquelles se heurtent la plupart des réformes engagées par le gouvernement pourraient constituer une menace pour leurs avancements, en raison notamment du chômage et de la faiblesse des revenus par habitant. De plus, l’existence d’importants besoins budgétaires extérieurs, couplée à la dépendance de l’économie béninoise par rapport au voisin nigérian, ainsi que l’accumulation de la dette publique due notamment aux récentes émissions obligataires réalisées par le pays, font peser des risques sur la croissance économique du pays.
Les experts estiment qu’avec une politique accrue de rationalisation des dépenses afin de réduire le déficit budgétaire et le poids du service de la dette, le pays pourrait rapidement améliorer sa note dans les prochaines années, ou au contraire la voir se dégrader si les réformes économiques ralentissent ou si la dette économique du pays augmente considérablement.
Moutiou Adjibi Nourou
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »