(Agence Ecofin) - La compagnie congolaise Gécamines a publié mercredi, un rapport dans lequel elle réfute toutes les allégations «outrancières et systématiques» des ONG (en l’occurrence Global Witness, Carter Center, ou encore Enough Project) qui la soupçonnent de «détournements».
Intitulé «La vérité sur les mensonges des ONG en République Démocratique du Congo – Ou comment sous couvert de morale, on voudrait priver le pays de sa souveraineté sur ses matières premières », le rapport répond aux accusations portées à l’endroit de la société y compris le caractère «prétendument non transparent de ses finances».
La preuve par les faits sur les accusations des ONG
Ainsi, accusé d’avoir détourné 750 millions $ sur les 1 575 milliards de revenus des partenariats perçus entre 2011 et 2014, Gécamines a déclaré que «le montant réel des revenus sur la période s’élève à 1,294 milliard $» et 100% de ces fonds sont dans les états financiers. En ce qui concerne le point selon lequel elle ne contribuerait pas au budget de l’Etat, les données du rapport indiquent qu’entre 2009 et 2016, ses avances à valoir sur fiscalité s’élèvent à 301 millions $. Aussi l’entreprise congolaise précise avoir investi 860 millions $, entre 2010 et 2014 dans ses opérations et de nouveaux projets.
Quant aux accusations de corruption et de détournement de fonds au profit du pouvoir en place, Gécamines estime qu’elle n’est pas la cause du déséquilibre dans la répartition des richesses du pays. «C’est l’impact du code minier de 2002 et du système mis en place par les sociétés multinationales du secteur minier, qui conduit à priver l’État et Gécamines de bénéfices attendus.», affirme-t-elle.
Un débat qui va au-delà de la RDC ?
Dans le rapport disponible sur son site, Gécamines accuse les organisations de manipuler les opinions publiques, «sans reculer devant quelque arrangement avec la réalité». Elle a déclaré qu’elle ne restera pas silencieuse face à ces allégations destinées à «servir les mêmes intérêts qui, partout dans le monde, voient d’un mauvais œil les pays en développement qui ont fait le choix légitime de se réapproprier leurs ressources naturelles et d’imposer un meilleur partage des revenus entre les investisseurs et les pays hôtes».
«Ce débat dépasse, à l’évidence, la situation particulière de Gécamines et de la RDC. C’est le défi posé à tous les pays miniers de continent africain qui ne peuvent se glorifier de continuer à quémander l’assistance internationale alors que la récupération et le bon usage d’une partie seulement de la richesse tirée de leur sous-sol, changeraient radicalement la donne.», déclare-t-elle.
Plus tôt cette année, Albert Yuma (photo), le président du Conseil d’administration de Gécamines, a indiqué que la compagnie veut renégocier les contrats conclus avec ses partenaires internationaux, afin de donner à l’Etat, son unique actionnaire, une plus grande part des revenus. Ainsi, en juin dernier, l’on apprend qu’elle a conclu avec Katanga Mining et sa société mère Glencore, un nouvel accord de partenariat «gagnant-gagnant», en règlement de leur contentieux à propos de Kamoto Copper Company, accord qui ne devrait pas être le dernier.
Louis-Nino Kansoun
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Accra, Ghana