(Agence Ecofin) - Dans le système bancaire du « très discipliné » Rwanda de Paul Kagame, l'encours des créances dont le remboursement est devenu incertain, a continué de progresser au cours du premier semestre 2017. Il a atteint 124 milliards de francs rwandais (150 millions $), soit 8,2% de l'encours global des 1502 milliards de francs rwandais de prêts et découverts bancaires au terme de la période.
C'est une contreperformance d'un peu plus d’un point de pourcentage, lorsqu'on compare la situation actuelle au ratio de créances douteuses de 7% au 30 juin 2016.
Plusieurs faits expliquent cette détérioration du crédit dans le système bancaire rwandais, qui pèse pour près de 36% du système financier de ce pays enclavé d'Afrique de l'est.
La banque centrale a préféré minimiser le ralentissement de l'économie, notamment dans le secteur des services, un de ceux qui bénéficie le plus des prêts bancaires. L'institution pointe du doigt, une faible évaluation des projets à financer et un suivi inadéquat des crédits accordés par les banques.
Mais d'un autre côté, on relève que la demande en volume et en valeur du crédit bancaire a moins progressé sur la période de référence, affichant des améliorations respectives de seulement 1% et 3% contre 7% pour la même période en 2016. Ce revirement a de quoi surprendre car les taux d'intérêt exigés par les banques, ont baissé à 16,7%, contre 17,26% une année auparavant.
Malgré cette progression à un niveau record des créances douteuses, les banques rwandaises, globalement, sont restées rentables et solides. Le ratio consolidé des actifs liquides sur les créances à moins de 12 mois s'est situé à 39% contre une norme de 20% imposée par la banque centrale. Sur un plan individuel, la meilleure banque a présenté un ratio de liquidité de 63,9% et la moins bonne de 34,1%.
Du point de vue de la rentabilité, le bénéfice net global du secteur bancaire (21,5 milliards de Francs rwandais) a affiché une progression de 11% sur une base annuelle, comparé à celui du premier semestre 2016 (19,4 milliards de francs rwandais).
Rappelons qu'au 30 juin de l'année précédente, ce résultat net s'affichait en baisse de 18%.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »