(Agence Ecofin) - Carlyle Group, la firme américaine présentée comme l’une des plus importante au monde dans le domaine du private equity, fait actuellement face à une perte de valeur potentielle de 136,1 millions $ sur son investissement réalisé en novembre 2014 dans le capital du groupe bancaire nigérian Diamond Bank.
L’opération avait pris la forme d’une souscription à l’augmentation de capital de 50 milliards de nairas (305 millions $ au taux de change de l’époque qui était de 165 nairas pour 1$) effectuée par la banque. Carlyle avait alors acquis pour près de 4,16 milliards de titres à la valeur d’émission de 5,8 nairas (valeur de 2014). Cela s’est traduit par une présence à hauteur de 17,7% au capital de la banque, avec rang de premier actionnaire individuel.
« Carlyle est très heureux de rejoindre le groupe Diamond Bank en tant qu'investisseur. C’est l’une des banques de détail les plus reconnues au Nigéria, avec une forte culture d’entreprise, une équipe de direction hors pair, une technologie de pointe, une grande franchise de vente au détail et des offres de produits et services innovantes » avait commenté Geneviève Sangudi, représentant pour l’Afrique de l’ouest du fonds Carlyle destiné à l’Afrique subsaharienne et qui avait servi de véhicule d’investissement.
Mais les choses ne se sont pas finalement passées comme prévues. En fait la baisse des prix du pétrole est passée par là et Diamond Bank qui souffrait déjà d’un encours inquiétant de créances douteuses, a continué de plonger. Au cours boursier actuel, la participation de Carlyle ne vaut plus que 10,9 millions $, car l’action n’a jamais dépassé son prix d’acquisition et les rendements en terme de bénéfice par action ont connu une courbe descendante.
Au lieu de l’expansion attendue, la banque a dû céder ses activités en Afrique de l’ouest hors Nigéria. Dans la foulée, son rendement a continué de baisser. Il est passé de 1,43 naira de bénéfice net par action en 2014, à une perte de 0,36 nairas au terme de l’exercice 2017, en raison surtout d’une baisse significative des revenus de trading.
L’année 2018 pourrait suivre la même tendance. Bien que les revenus de trading soient de nouveaux conséquents, ils sont dilués par un recul de la marge nette d’intérêt au terme des 9 premiers mois de 2018
Trouver rapidement un investisseur étranger pour soutenir le groupe
Dans un tel contexte, Diamond Bank ne pourra pas compter sur ses actionnaires, est ainsi contraint de trouver très rapidement une solution pour régler une part importante de ses obligations internationales qui arrivent à maturité en mai 2019. Un gros problème, car ses actifs liquides en devise étrangères ne représentent que 25% de l’Eurobond de 200 millions $ concerné par ce délai.
L'agence de notation américaine Moody's, vient aussi de rajouter sa touche en abaissant de deux crans le profil d'émetteur de la banque et en plaçant sous surveillance ses perspectives.
Deux principales raisons à cette décision : D’une part, il y a le poids des créances douteuses que Diamond Bank ne parvient pas vraiment à résorber. De 40% en décembre 2017, elles ont reculé de seulement deux point de pourcentage à la fin du troisième trimestre 2018 pour se situer à 40%
D’autre part, la banque a connu la démission de membres important de son board, signalant de gros défis de gouvernance interne. Moody's pense que cette situation pourrait saper la concentration nécessaire pour résoudre très rapidement ses problèmes de créances douteuses, dont seulement 20% bénéficient d'une provision suffisante.
Vendredi 23 novembre 2018, l'action Diamond Bank a terminé sur un rebond de 7,6%, après avoir reculé une semaine d'affilée. Il a de nouveau débuté la semaine du 26 novembre sur une baisse de 1,26%.
Idriss Linge
Casablanca, Maroc : « Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ? »