(Agence Ecofin) - L'agence de notation Moody's a indiqué dans une note d'analyse publiée le 25 mars 2019, que si l'expansion en Afrique du groupe français Société Générale était justifiée, elle comporte son lot de risques potentiels qu'il ne faudrait pas ignorer.
Au contraires des autres grands groupes bancaires européens comme Barclays ou Crédit Agricole, et plus récemment BPCE, qui ont (ou qui veulent) céder leurs portefeuilles africains, Société Générale est plutôt dans une optique de renforcement de ses positions dans la région.
En près d'un siècle, la banque française a bâti une présence forte dans la région. Elle est la troisième plus grande banque de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), y compris la plus grande banque de Côte d'Ivoire, la quatrième du Maroc et la plus grande banque privée d'Algérie.
SG est également une banque majeure de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), avec une présence importante au Cameroun et au Tchad. En Afrique australe, elle est l’une des plus grandes banques de Madagascar et a récemment développé ses activités au Mozambique. Certaines activités de banque de financement et d’investissement prospèrent également au Kenya, en Égypte et en Afrique du Sud.
Une stratégie avec pour piliers le digital et le partenariat
Dans le cadre de sa stratégie d'expansion, Société Générale vise une hausse annuelle moyenne de 8% de ses revenus en Afrique et un rendement des actifs de 15%, à l'horizon 2020. Une projection qui, selon Moody's, est faisable. « Avec un actif total d'environ 21 milliards d'euros, les activités bancaires de Société Générale en Afrique représentaient environ 4% de l'exposition au risque de crédit du groupe à la fin de l'année 2018, mais représentaient un montant croissant des revenus du groupe », a expliqué l'agence de notation.
On a aussi pu relever des données publiées par SG, que la contribution de l'Afrique à son produit net bancaire a atteint 5,5% en 2018, contre 4,7% en 2016. L'Afrique a aussi pesé pour 5,3% de son résultat net en 2018, contre 3,9% en 2016, avec un rendement des fonds propres qui est passé de 11,4 à 13,7%. % au cours de la même période.
Le maître mot de cette expansion est la digitalisation. Dans plusieurs pays où le groupe est présent, la pénétration du Mobile Money continue d'évoluer à grande vitesse. Mais Société Générale mise aussi sur la signature de partenariats stratégiques pour développer de nouvelles affaires et servir de nouveaux clients comme celui mis en place récemment avec le sud-africain Barclays Africa.
Des risques existent cependant, même s’ils sont limités
Pour Moody's tout cela est bien mais il faudra gérer les risques, notamment le fait que les marchés de présence du groupe se caractérisent par un faible niveau de régulation bancaire. Aussi, que ce soit dans la zone CEMAC ou dans l'UEMOA, on a vu comme une hausse de l'encours des créances douteuses ces dernières années, et une forte concentration des risques.
Toutefois, ces risques sont assez limités et cela pour plusieurs raisons. Le poids des actifs africains ne devrait pas évoluer au point de peser sur le bilan du groupe français. Aussi, la focalisation sur la digitalisation, pourrait lui permettre de recruter de nouveaux clients et s'offrir de nouveaux flux de revenus, sans forcément être obligé d'accroître ses coûts d'exploitation.
Mais un autre risque qu’on ne soulève pas souvent est celui de la concurrence. Les groupes bancaires internationaux sont désormais défiés par des grands noms africains, comme le Nigérian United Bank for Africa, les groupes togolais Orabank et Ecobank, le gabonais BGFI Bank et la bande marocaine emmenée par Attijariwafa Bank, que suivent BMCE Bank of Africa et Banque Centrale Populaire. Sans parler du sud-africain Standard Bank, No1 en Afrique.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.