Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Ecofin Finance
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Côte d’Ivoire : le canadien Westbridge dément formellement avoir passé un accord pour la cession de ses parts détenues dans la BHCI

  • Date de création: 19 novembre 2019 17:30

(Agence Ecofin) - La société canadienne spécialisée dans le financement de l’immobilier, Westbridge Mortgage Reit, a apporté un démenti formel aux informations diffusées selon lesquelles un accord avait été trouvé avec le gouvernement ivoirien pour la reprise par l’Etat de Côte d’Ivoire de ses parts cédées dans le capital de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) à l’issue d’une opération de privatisation.

En effet, dans une note en date du 13 novembre 2019, d’abord non signée, puis ensuite identifiée comme émanant du ministère ivoirien de l’Economie et des Finances, parue sur les réseaux sociaux, il était annoncé la décision du gouvernement ivoirien, « d’un commun accord avec le repreneur, Westbridge Mortgage Reit, d’annuler l’opération de cession de ses parts, et de reprendre en main, le contrôle de la banque ».

Une annonce d’autant plus étonnante qu’elle est intervenue assez tard dans la soirée, après la tenue d’un Conseil des ministres (plus habilité à prendre une telle décision) dont le communiqué final ne fait aucunement mention de ce présumé « accord ».

Contacté par l’Agence Ecofin, le directeur général de Westbridge et également directeur général de la BHCI, J.D Diabira (photo), s’est voulu très clair. « Nous [Westbridge, Ndlr] n'avons d’accord avec personne pour revendre notre part d'actionnariat. En tout cas pas encore. Et nous n'avons pas entamé de discussions à cet effet. Nous sommes en possession de nos titres nominatifs représentant 51,6% des parts. Et avec l'ensemble des actionnaires représentant plus de 96% des actions, aucun n'a revendu ses titres », a-t-il martelé.

Clarifier « une situation de prise d’otage de la banque »

Dans une note interne adressée à ses collaborateurs au sein de la banque, hier mardi, que l’Agence Ecofin a pu consulter, le président du conseil d’administration de Westbridge, James Clayton, s’est voulu également rassurant. « D'emblée je tiens à dire que ni Westbridge ni aucun des autres actionnaires de la Banque n'a conclu d'accord récent avec le gouvernement », a-t-il déclaré.

Précisant toutefois que Westbridge a bel et bien écrit au gouvernement ivoirien le 28 octobre dernier « pour solliciter l'aide de la Primature à clarifier la situation de prise en otage dangereuse dans laquelle la banque, ses employés et ses actionnaires se trouvaient ».

A travers ce courrier, James Clayton fait savoir que Westbridge demandait « l'aide » du Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, « pour aboutir à une conclusion rapide qui permette soit (1) à Westbridge de prendre le contrôle effectif de la Banque dont elle est actionnaire majoritaire, ou (2) d'entamer un dialogue pour nous libérer et libérer la Banque de la situation dangereuse dans laquelle elle se trouve ». Une démarche qui, souligne-t-il, a aussi été entérinée lors de l'Assemblée générale des actionnaires du 31 octobre, en présence de la représentante de l'Etat et en présence des observateurs venant de la Commission bancaire de l’UEMOA.

Cette demande d’audience au Premier ministre ivoirien qui n’a toujours pas eu lieu, fait elle-même suite à un autre courrier adressé depuis le 20 septembre 2019 par Westbridge au Président ivoirien, Alassane Ouattara, pour lui faire part des « nombreuses et parfois insurmontables embûches qui sont mises sur leur chemin en Côte d'Ivoire, dans le cadre de la reprise de la BHCI ».

« Empêcher Westbridge de prendre le contrôle de la banque »

Ce nouvel épisode vient en rajouter à une crise qui secoue la banque depuis quelque temps déjà. Et pour les dirigeants de cette institution, tout cela entre dans une logique visant à empêcher Westbridge « de prendre le contrôle effectif de la banque ».

Selon James Clayton, la situation de « mal-gouvernance » que vit la banque ces derniers mois est exceptionnelle, dans le blocage dangereux qu'elle a créé. « Les actionnaires à qui on demande des contributions en capital de plus en plus élevées sont effectivement exclus de la gestion de la Banque », s’indigne-t-il.

Révélant que « de fait, la BHCI est contrôlée et gérée par des individus qui ne sont ni actionnaires, ni gérants. Vous le savez tous aujourd'hui, le ministre des Finances et la Directrice de cabinet du ministère des Finances sont au contrôle de la gestion de la Banque, et ce depuis déjà des mois, créant ainsi une confusion juridique préjudiciable à la Banque et aux intérêts des actionnaires légitimes ».

Un audit qui a mis le feu aux poudres

Pour les dirigeants de Westbridge, tout commence lors de l’attribution de l’agrément bancaire autorisant une modification de la structure du capital social. Le sésame accordé en décembre 2018 ne leur a été remis que le 30 avril 2019, soit quatre mois plus tard.

Vient par la suite un audit diligenté sur la gestion passée de la banque qui aura fait apparaître 12 milliards FCFA de créances douteuses, dont 4 milliards FCFA proviendraient étonnamment de transactions associées à des membres du gouvernement ivoirien. Soit un montant de créances douteuses 4 fois supérieur à ce que l’accord de cession des parts de l’Etat à Westbridge prévoyait. Une découverte qui aura emporté dans la foulée l’ancien directeur général, Abou Touré, lui-même ancien membre de la Commission bancaire de l’UEMOA.

« Et depuis, le harcèlement que nous avions jusque-là subi en silence a pris des proportions et une tournure très agressives. Nous pensons que les enquêtes d'audit que nous avons diligentées sur la gestion passée sont en partie à la source de ce récent surcroît de harcèlement », fait savoir, sous couvert de l’anonymat, une source au sein de la banque.

« Il y a une hantise de la part de certains hommes puissants de la région à propos des trop nombreuses créances douteuses dissimulées que la banque a accumulées au cours des années 2015 à 2018. Ils pensent que ces questions peuvent servir de fonds de commerce politique à l'approche des élections » ajoute la même source.

En tout état de cause, le lundi 16 septembre dernier, J.D Diabira reçoit une convocation pour se présenter à une audition sous « la procédure d'urgence » dans les locaux de la Commission bancaire. Deux jours plus tôt, la banque avait reçu un rapport préliminaire de quelque 357 constats et observations résultant d'une « Mission spécifique » de la Commission bancaire, mission diligentée du 22 août au 10 septembre. Malgré les règles de la BCEAO accordant 30 jours à la Banque pour répondre, la BHCI aura droit à seulement 48 heures.

Au cours de l’audition, ni J.D Diabira, directeur général de la banque, ni Abdoulaye Gbané, le directeur général-adjoint, n'auront l'opportunité d'expliquer ou de répondre aux accusations formulées par la Secrétaire générale et lues devant les membres de la Commission bancaire. Assez curieusement, l'ex-DG congédié de la BHCI (et ancien cadre BCEAO), lui, a eu l'opportunité de lire quatre pages de discours. Congédiement intervenu, rappelons-le, sur un vote unanime des membres du conseil d'administration de la banque, le 18 juillet 2019, et que la Commission bancaire a présenté à son audience comme une « démission ».

Par ailleurs, en octobre 2018, l’assemblée générale et le conseil d’administration de la Banque ont approuvé et entériné la décision de recapitalisation de la banque, la première depuis 2009. Sur les 5 milliards FCFA de recapitalisation initiale, NSIA et Westbridge ont procédé à la souscription et libération de plus 3,6 milliards FCFA, ce qui a permis à la banque d'être à niveau, en ce qui concerne les normes de capital minimum ; la première fois en une décennie.

Toutefois, cette recapitalisation, au demeurant insuffisante, a été cependant entachée d'un vice de forme qui risque d'en causer l'invalidation. En effet, l'absence des commissaires aux comptes à l'assemblée générale qui a approuvé l'opération de recapitalisation est, aux regards du Régulateur (la Commission bancaire) une possible cause d'invalidation. Or, selon les dirigeants de Westbridge, « une telle invalidation viendra remettre en cause toute la structure capitalistique actuelle de la banque et tous les efforts de renflouement que nous menons depuis des mois ».

Une incertitude qui est de nature à décourager les investisseurs

« Avec l'ensemble des actionnaires, Westbridge pense que le problème de liquidité que traverse la banque ne constitue en rien un problème insurmontable », fait remarquer James Clayton. Les fondamentaux de la banque restant solides et ne remettant pas en cause sa capacité à continuer de fonctionner. Par contre, s’inquiète-t-il, « la question de la gouvernance et l'incertitude qu'elle engendre sont de nature à décourager l'investisseur le plus confiant. Il nous paraît irréaliste de penser que des investisseurs-propriétaires vont s'engager à investir dans une banque qu'ils ne contrôlent pas ».

Pour rappel, le processus d'acquisition de la BHCI a débuté en 2017 par la décision du gouvernement ivoirien de céder ses parts dans le capital de la banque. La signature du contrat de cession des parts de la banque entre Westbridge Mortgage Reit et l'Etat de Côte d'Ivoire a eu lieu en janvier 2018. Permettant ainsi à la BHCI de bénéficier d’une recapitalisation portant son capital de 4,7 milliards FCFA - où elle semblait stagner depuis 2005 - à 10,6 milliards FCFA, dont 3,6 milliards FCFA ont été effectivement libérés.

A fin 2018, la BHCI affichait ainsi des fonds propres de plus de 12 milliards FCFA et un taux de dégradation du portefeuille revenu en deçà de 16% contre 24% en 2017, et 36% en 2015.

Le capital de la BHCI compte comme actionnaires les plus importants Westbridge (51,6%) ; SCI Demack (33%) ; NSIA (10%) ; SOMAVIE (4%) et BOAD (1%).

Agence Ecofin

Lire aussi

03/08/2017 - Côte d’Ivoire : le canadien Westbridge Mortgage Reit rafle la BHCI face à la Banque de l’habitat de Tunisie

13/11/2018 - Côte d’Ivoire : la BHCI annonce son nouveau PCA et son DG



 
GESTION PUBLIQUE

La Côte d’Ivoire a besoin de 22 milliards $ pour contrer les effets climatiques d’ici 2030 (FMI)

La Belgique appelle la RDC à porter plainte contre le Rwanda à la Cour Internationale de Justice

Lutte contre le terrorisme : les dirigeants africains explorent des stratégies efficientes

La procédure de liquidation d’une société d’assurance au centre d’une rencontre régionale à Lomé

 
AGRO

Nigeria : Nutreco lance une usine de fabrication d’aliments pour animaux de 27 millions $ à Ibadan

Maroc : le groupe OCP veut lever 2 milliards $ pour financer le développement de ses activités

Le Cameroun signe un accord de 2,7 millions $ avec la FAO pour soutenir les petits exploitants agricoles

Nestlé répond aux accusations sur le sucre ajouté dans ses produits infantiles destinés aux pays pauvres

 
MINES

Côte d’Ivoire : une production en baisse empêche Perseus de mieux profiter de la hausse du prix de l’or

Délestages en Zambie : le canadien First Quantum veut importer 80 MW d’électricité pour ses mines de cuivre

Nigeria : Bola Tinubu dénonce l’exploitation minière illégale comme source de financement des groupes terroristes

La Tanzanie augmente ses chances de trouver des gisements de graphite en octroyant de nouvelles licences d’exploration

 
TELECOM

En 3 ans, le nombre d’utilisateurs du mobile money a augmenté de 228,8% en RDC

En 2023, le Bénin comptait 16,3 millions de SIM pour 8,5 millions d’abonnés mobiles uniques (rapport)

Le Ghana milite pour la préférence locale en matière de contenus et compétences numériques

L’ARTCI communique la liste des entreprises habilitées à fournir des services postaux en Côte d’Ivoire

 
TRANSPORT

Angola : AD Ports obtient la concession du port de Luanda sur 20 ans

Aéroport de Marrakech : l’office national des aéroports s'apprête à lancer les travaux de modernisation

La Libye et le Qatar mettent à jour de vieux accords aériens pour la reprise de vols directs

Transport fluviomaritime : l’Équato-Guinéen Viteoca ouvre une ligne entre Malabo et Douala

 
ENTREPRENDRE

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

Ouverture des candidatures pour le 14e Prix Orange de l’Entreprenariat Social en Côte d’Ivoire (POESCI)

AFAWA Finance Togo: BAD et AGF dynamisent l'accès au financement pour femmes entrepreneures

 
ECHO

UEMOA : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

Cameroun : importations de véhicules en 2022

Le caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire

 
FORMATION

EMpact s'associe à deux universités Ivoiriennes pour stimuler l'entrepreneuriat agricole en Afrique de l'Ouest

Un programme de formation sur le développement durable destiné aux enseignants en Afrique

Burkina Faso : le projet de formation professionnelle dès le cycle primaire se précise

Projet Better Education for Africa's Rise : la troisième phase cible l’Afrique de l’Ouest

 
COMM

Côte d’Ivoire : le créateur de contenus Observateur Ebène condamné à de la prison ferme

Meta introduit son IA en Afrique subsaharienne dans ses messageries privées

Ghana : une ONG va accompagner le gouvernement du Ghana dans son soutien aux médias indépendants

YouTube teste un onglet "Les plus pertinents" pour les abonnements