(Agence Ecofin) - Les banques commerciales opérant au Nigeria ont progressivement gagné la bataille contre l'accumulation de créances douteuses, après le dernier choc de la récession qu'a connu le pays en 2016. Elles ont pris des mesures prudentielles parallèlement à des actions de restructuration pour réduire le nombre de prêts improductifs dans le secteur.
Les banques de premier plan dont le capital social et les réserves de bénéfices constituent le noyau dur des fonds propres, y sont même parvenues sans suspendre le versement de dividendes à leurs actionnaires. Récemment, certaines banques qui à leurs fonds propres durs comptent aussi des emprunts bancaires, ont annoncé une baisse dans leurs portefeuilles de créances improductives, améliorant davantage les perspectives du secteur.
Le gros de ces recouvrements de créances douteuses l'a surtout été dans le secteur pétrolier et gazier amont qui a souffert d'une baisse drastique des cours sur le marché mondial et commence peu à peu à s'adapter. Entre le deuxième trimestre 2018 et celui de 2019, les banques y ont recouvré un total de 198 milliards de nairas (544,3 millions $). Un autre secteur qui a aussi commencé à connaître des recouvrements, c'est celui de l'immobilier, dans lequel les banques du Nigeria ont recouvré 97 milliards de nairas sur la période de référence.
Malgré ces avancées, des zones d'ombre et d'inquiétudes subsistent. Déjà, les recouvrements dans le secteur de l'immobilier s’expliquent difficilement. La croissance y a été faible sur les 11 derniers trimestres et les taux d'occupation des espaces loués ou vendus, n'ont plus véritablement décollé. Aussi, d'autres secteurs continuent de tirer l'encours des créances douteuses dans le portefeuille de prêts des banques.
Les prêts non performants dans le secteur de l'électricité et de l'énergie se sont détériorés. Ils étaient en augmentation de 34,83% sur une base de comparaison annuelle, au deuxième trimestre 2019. Cette situation contraste avec le reste du secteur privé, car il reste le seul sur lequel le nombre de prêts improductifs s'est détérioré au deuxième trimestre 2019.
Des analystes craignent que cette bataille qui est durement menée par les banques soit de nouveau rendue complexe, avec les nouvelles directives de la Banque Centrale en matière de crédits à l'économie. L'institution d'émission monétaire insiste désormais sur le fait que 65% des dépôts des banques devraient être transformés en crédit, sous peine d’une lourde amende. Les banquiers craignent que cela soit de nouveau la fenêtre ouverte à des créances douteuses dans une économie où la productivité et la compétitivité des entrepreneurs locaux restent un défi.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.