(Agence Ecofin) - La progression de l'exposition des banques commerciales ghanéennes à la dette publique et parapublique, est en train de devenir une source d'inquiétudes. Dans la présentation de ses perspectives pour le secteur bancaire africain en 2019, Moody's a relevé le poids croissant de la dette publique dans l'actif des banques ghanéennes.
En effet, même s'ils étaient en recul à la fin octobre 2018 (42,8 milliards de cedis) comparé au mois d'août 2018 (67,4 milliards de cedis), les investissements sur les bons et les obligations du trésor représentaient 40% de l'actif global des banques, son niveau le plus élevé depuis novembre 2017. Ils représentaient aussi, par ailleurs, 200% des fonds propres des banques (20,4 milliards de Cedis).
Les données de l'agence américaine de notation révèlent que le Ghana n'est pas le plus mauvais élève en la matière. L'Egypte (561%) et le Kenya (347%) sont des pays de la région, où les banques sont les plus exposées à la dette de leurs administrations publiques.
Ce qui inquiète davantage au Ghana, par contre, c'est que les taux d'intérêt sur les emprunts publics sont en train de progresser, alors même que la banque centrale a maintenu une politique accommodante des taux, l'inflation est maîtrisée, et enfin le coût du refinancement interbancaire est en train de baisser.
A l'occasion de la conférence de presse qui a sanctionné le récent comité de politique monétaire de novembre 2018, le Dr Ernest Addison (photo), gouverneur de la banque centrale du Ghana, a expliqué que cette hausse des taux était le fait d'un présence significative d'investisseurs étrangers sur la dette publique ghanéenne. Ces derniers, au regard de l'évolution des choses, notamment aux USA, exigent désormais un rendement plus élevé.
« Pouvons-nous continuer à adopter une politique monétaire accommodante, alors que nous sommes dépendants des investisseurs étrangers sur notre dette intérieure et que les économies développées, elles, continuent d'augmenter leurs taux ? C'est la une situation à laquelle nous faisons face », a déclaré M. Addison.
Le gouvernement ghanéen se montre serein et assure qu'il n'y aura pas une crise des taux. Dans sa stratégie d'endettement à court terme (2019-2022), il indique qu'il privilégiera désormais des emprunts à maturité longue. Mais ses hypothèses se basent sur une croissance moyenne du produit intérieur brut de l'ordre de 6% durant cette période, et l'espoir que la banque centrale durcisse ses taux, pour juguler encore l'inflation.
Pour 2019, il prévoit d’emprunter 3 milliards $ sur le marché international des capitaux. 2 milliards $ lui permettront de combler son déficit budgétaire et de réduire la pression sur les banques. Le milliard de dollars restant devrait servir au financement d’autres éléments du passif gouvernemental. Il est aussi prévu l’émission d’obligations locales en dollars.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.