(Agence Ecofin) - En Éthiopie, le ministère du Commerce et de l’Industrie a supprimé la taxe de 150 % appliquée aux peaux brutes et semi-transformées destinées à l’exportation. Ce prélèvement, en vigueur depuis 2008, avait pour but d’inciter les entreprises exportatrices de peaux brutes à s’investir davantage dans la transformation locale à forte valeur ajoutée.
Selon les informations rapportées par le quotidien Newbusinessethiopia, la mesure est entrée en application depuis le 6 janvier dernier. Selon les autorités, l’imposition d’une taxe a été contreproductive dans la mesure où elle a découragé l’investissement privé dans la filière peau/cuir.
Et pour cause. Selon l’Association des fournisseurs de cuir et peaux brutes, 80 % des négociants en cuir et peaux ont quitté le secteur en raison de cette barrière commerciale. En outre, indique l’organisation, 5 tanneries sur 17 que compte le pays ont dû mettre la clé sous la porte alors que celles qui ont pu poursuivre leurs activités fonctionnent en deçà de leur potentiel.
Si dans ce contexte, cette mesure devrait booster les exportations et relancer une industrie aux abois selon l’exécutif, certains acteurs redoutent ses conséquences sur le réseau local de transformation à petite échelle.
« Une suppression totale de la taxe pourrait affecter les milliers d’entreprises artisanales de transformation qui ont créé des dizaines de milliers d’emplois. Cette décision pourrait entraîner une pénurie de cuir sur le marché local. Je pense que le gouvernement doit trouver le juste équilibre », estime Ermias Hassen, directeur général de Gosh Leather Products Factory, une entreprise de fabrication de chaussures.
Du côté des observateurs, on fait remarquer que la restriction à l’exportation de matières premières a aussi facilité l’entrée de grands investisseurs dans la transformation des produits en cuir comme les compagnies chinoises Huajian et PHISS ainsi que le taïwanais George Shoe Corp.
D’après les données de la Banque centrale rapportées par Bloomberg, les exportations de cuir et de produits de cuir ont rapporté 117 millions $ durant l’exercice fiscal 2018 achevé en juillet dernier, soit une chute de 11,4 % d’une année à l’autre.
Pour rappel, le pays des Négus possède le plus vaste cheptel d’Afrique.
Espoir Olodo
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